Chacun son tour

Publié le 17 décembre 2012 par Chapitre5.com

Fin de 2012 en fanfare sur New York. Sur 4 ans depuis le creux Lehman, on est au plus haut. Avec un presque doublement sur le Nasdaq. Et justement, 4 ans, c’est la durée d’un cycle boursier.

Londres fait comme New York. Rien de surprenant, il existe bien un monde « anglo-saxon » (quelle autre expression ?).  En Europe, le Dax seul fait presqu’aussi bien. Mais sur le reste de l’Europe, en Asie, et sur les autres marchés non exotiques, résultats médiocres. Le creux Lehman est loin d’être remonté. Et moins encore la baisse depuis les records de 2001. 

Pour investir dans la croissance, donc en actions, il faut faire un choix stratégique: rester aux USA, ou bien voir ailleurs ? Là où il ne s’est rien passé depuis 4 ans, ou pas grand chose?  A qui le tour de monter, maintenant?

Analyses techniques de  New York: négatives.

Elles constatent un rounding top, un retour par le haut sur les moyennes mobiles longues, toujours pas de volumes, une formation en têtes épaules assez bien faite déjà.  Signes de congestion ou de baisse. Depuis plusieurs mois, les marchés sont encadrés par le trading automatique (algorythmes et flash-trading) en l’absence de vrais investisseurs. Pour 2012, cela fera des bonus pour les gérants et les salles de marchés. Mais pas de richesse nouvelle. Un soutien technique des cours peut-il être durable en l’absence de relais par de vrais investisseurs? La réponse est non et les fondamentaux finissent par s’imposer.

L’analyse des parités:

 entre $/€ ou le Yuan, elles constatent la baisse de la monnaie US. Normal: c’est la volonté de l’ Etat, Fed et Trésor réunis. Car une dévaluation est un remède classique à la récession. Mauvais pour l’inflation et la consommation intérieures. Goldman confirme, parmi d’autres. Or on sait d’expérience que les marchés d’actions et de taux évoluent dans le même sens que leur monnaie nationale. Si le $ baisse, ainsi iront les indices boursiers américains.

En analyse boursière classique, on connait un cycle de 4 ans. Hausse ou baisse, c’est un délai au bout du quel il se passe un changement de sens. De fin 2008 à Mars 2009, ce  fut un creux majeur, avec faillites et interventions publiques. Alors 2013 doit peut-être voir un plus haut aux USA, si on n’y est pas déjà.

Ailleurs, c’est le contraire. N’est-ce pas aux autres places le tour de monter ?

Analyses macro-économiques: 

1 : Les USA vont remettre de l’ordre dans leur balance des paiements. Leur système politique est démocratique, et il y a toujours un Etat « impérial » qui n’abandonnera pas son rôle international pour des considérations social-démocrates. Le $ doit demeurer la monnaie de référence, soutien de la liberté et du développement de leur   »destinée manifeste ». Il est vain de parier sur leur décadence absolue ou relative. Donc les mesures de toutes natures nécessaires seront prises. D’abord au niveau budgétaire, comme en Europe. Avec les mêmes effets sur la consommation. Ensuite pour une dévaluation compétitive. Elle est en route depuis longtemps, et l’ analyse des parités ci-dessus la confirme. Cela fera mal, alors que leurs marchés sont au plus haut. Mauvaise coïncidence.

2 : L’Europe a clairement décidé de remettre de l’ordre dans ses affaires. La volonté politique est partout évidente, et soutenue par les peuples: même la Grèce a voté pour, et en France, M. Hollande a tenu tête à ses forcenés de la dépense publique. La BCE a  donné aux gouvernements la protection nécessaire au niveau du taux de refinancement de leur dette. Elle a ainsi crédibilisé l’Euro contre les tentatives de destruction menées par les salles de marché (…des grandes banques US: la diplomatie est toujours proche de la finance). Partout le retour à l’équilibre budgétaire est en marche. L’Allemagne y est déjà, l’Italie toute proche, les autres même la Grèce sont félicités de leurs progrès par Madame Merkel qui ne pratique pas la langue de bois. Notez qu’en Grèce la bourse est au plus haut alors que l’inflation y est contenue par la récession. En France, ce retour se fait par une catastrophe industrielle due à une fiscalité réactionnaire mais le résultat pour l’Euro sera là; pour le chômage, ce sera autre chose, comme en 1984 avec le retour au réalisme…

3 : En Asie, même combat pour une croissance nécessaire qui a les moyens de sa volonté. La Chine, Japon ( avec le retour des conservateurs) et Inde mènent la même politique de croissance. Aucune raison de ne pas les prendre au sérieux. Les autres tigres asiatiques sont restés en croissance.

Conclusion: les USA ont devancé tout le monde. Comme toujours. Mais le reste du monde, qui représente les 2/3 de la richesse mondiale,  commence à suivre.

Il faut donc prendre ses bénéfices là où il y en a, et arbitrer les placements en $ et en actions US contre le reste du monde.

C’est le tour des bourses, entre autres européennes. Parce que sauf  l’ Allemagne, elles sont encore à de bas niveaux de PER. De bons rendements sur les grandes capitalisations permettront d’attendre le signal de départ des indices dans des conditions acceptables. Il peut se produire pendant ou après une baisse à New York. Mais celle-ci ne serait pas un krach; seulement une consolidation. Le bruit médiatique sur les « révoltes sociales » et problèmes locaux n’a pas de sens en économie, car il s’attache uniquement au passé. Les marchés anticipent toujours.

Nous sommes peut-être au creux de la récession engagée en 2001 avec le premier krach (celui des dotcoms). Puis renforcée par un second en 2007/2009 justifié par les escroqueries financières suivies (comme toujours) par des faillites bancaires dont Lehman fut le modèle (ce matin, c’est Monte Paschi di Sienna qui doit être renfloué, la plus ancienne banque du monde !). Après 12 à 15 années de déprime, le moment est venu de revenir à l’achat.

De plus, les grands investisseurs, retraite et prévoyance comme family offices ont déjà vendu leurs actions. Pour deux raisons:  par aversion au risque d’abord; ça dure depuis 2009. Et par anticipation des exigences de fonds propres posées par Bâle 3. Ils n’ont plus rien à vendre ou presque. Mais désormais ils annoncent tous être déjà en règle avec ces exigences, notamment les banques françaises. Avec la supervision des plus grosses par la BCE,  cela signe leur retour à la capacité d’acheter.  C’est leur métier.

Comme toujours, ce seront les actions des  banques qui profiteront le plus d’une reprise, parce qu’elles semblent les plus vulnérables à une crise. Mais justement, c’est la fin de crise.