Franchir une frontière, des frontières. Attirés par un espoir, les yeux brillants de cet espoir. Les yeux éteints quand le rêve se heurte à la citadelle Europe qui ferme ses portes. Partir, ce désir est exploité par les passeurs qui en font commerce. Qui utilisent les migrants comme font les lobbys : jeter sur les mers des centaines d’individus sachant que souvent la majorité d’entre eux n’arrivent pas sur l’autre rive vivants, mais utilisant ce moyen de pression comme d’autres (les mêmes peut-être) font la guerre. Quand le commandant Salvatore Piracci prend conscience de cela, quand il comprend que, refoulé, le migrant reviendra, essaiera de nouveau parce que c’est cette espérance qui lui donne des raisons de vivre, quand il se dit que lui, dans cette Sicile qu’il a mission de protéger, c’est de cette espérance qu’il manque, alors, il fera le voyage à son tour. « C'était cela, oui. Le gardien de la citadelle était fatigué tandis que les assaillants étaient sans cesse plus jeunes. Et ils étaient beaux de cette lumière que donne l'espoir au regard. » Ce roman nous fait sentir ce mouvement de balancier entre l’Afrique et l’Europe, il y a celui qui veut y venir, il y a celui qui veut en partir. Le paradis n’est pas sur terre, mais cela n’empêche pas que les êtres humains sont poussés par une terrible nécessité de partir, d’aller ailleurs. Depuis que l’homme est homme.