Qui est la victime !

Publié le 17 décembre 2012 par Gentlemanw

Complice, victime, coupable et tant d'autres mots tournent dans ma tête.

J'ai mis plus de trois mois à accepter ma réalité, ces minutes si longues devenues si floues, si impossibles à reprendre dans le cours de ma vie. Je ne veux pas me souvenir, c'est ainsi que la psy m'a expliqué, d'autant plus pour les douleurs physiques et morales, pour moi, mon moi intérieur, je ne veux revenir dessus et pourtant comment évacuer ce sujet, ces instants-là. Je suis suivi, je dois en parler même si ce soir-là je n'ai trouvé personne, d'ailleurs j'étais sonné. Pourquoi moi ? je doutais même de cette réalité, c'était un mauvais rêve, une mauvaise soirée, trop d'alcool, trop de fumée, trop de bruits, trop de tout, trop des autres, trop de lui. 


Comment revenir sur ce sujet ? 

Comment aller expliquer mon silence durant trois mois à des policiers gavés de chiffres, de vendeurs à la sauvette de drogue, de petits malfrats, de coupables qui les narguent dès le lendemain de leur procès, comment ?

Et puis je ne peux rien décrire, je sais, je ne me souviens pas, c'est bloqué, je sais pourtant qu'il m'a violée. Je le connais, je le croise encore, mais plus son regard sur ses pieds. Je dois le dénoncer, je dois me sauver de cette déchirure mentale qui sera si longue à ne peut-être jamais guérir. Je dois trouver un chemin pour corriger ce pire, par un peu de justice. Pourquoi ?


Et puis mon silence ne fera que le laisser en liberté, pour profiter d'une autre, pour d'autres actes non consentis, abjects. Je dois l'arrêter, ils doivent l'arrêter. Lui pourtant, le bon copain, le mec cool de la bande, qui discute, boit et fume de tout. Il doit comprendre la profondeur de l'horreur, il doit revenir sur terre.

Mais avant je dois traverser le mur de plomb, celui du doute, celui de la victime qui doit se justifier de tout, de la longueur de sa jupe, du port de son string, de sa féminité, de son intimité, de son corps devant des casquettes qui n'écoutent pas tout. Je dois revivre ce moment que je ne souhaite qu'oublier.

Je dois en parler, me libérer, l'emprisonner de mes mots.

Copyrights Nudes by Shinichi Maruyama

Trop de femmes restent silencieuses pour tant de raisons sourdes, pour le regard des autres qui pourrait s'ajouter à la honte, à la blessure béante en soi. Trop de femmes ne déclarent rien, et de plus, après un conseil de ma psy, je sais que tant d'affaires finissent en non-lieu. C'est une honte, c'est la honte de notre justice, complice de ces hommes, des violeurs. 

Mais j'irai avec une amie, j'irai le dire, j'irai me défendre, moi la victime, pour le voir, pour lui donner des coups, le blesser intérieurement, pour tout cela, même si je resterai avec mon mal. Je vais me battre, et pourtant je n'ai plus de force, plus d'énergie, tant de larmes sortent.

Et vous, aussi, ne soyez pas complices, encore moins coupables.

Nylonement