Né dans le Bas-St-Laurent en 1950 et élevé chez les Sœurs-du-Bon-Pasteur à Rivière-du-Loup, Albec débarque à Montréal en 1968. «Je suis un orphelin de Duplessis sans le côté sombre et triste de ce fait bien connu», confesse-t-il d’emblée. Mais l’absence de parents le pousse à entreprendre une quête pour découvrir son identité et bâtir son estime de soi.
La découverte de la peinture
Cette quête identitaire amène Albec à découvrir la peinture. «J’ai d’abord expérimenté la peinture à l’huile. Lors d’un passage au Centre de la nature à Laval, j’ai découvert l’aquarelle. J’ai acheté un ensemble pour peindre avec ce médium et j’ai eu la piqûre», raconte-t-il. Expressif, il découvre le moyen idéal pour exprimer l’ensemble des émotions qu’il ressent et qu’il perçoit, qu’elles soient positives ou négatives.
Bien qu’Albec se considère autodidacte ses amis le convainquent de prendre des cours d’arts plastiques aux Ateliers populaires de Mercier à 35 ans. «Durant six sessions, ou l’équivalent de 3 ans, j’ai appris les techniques propres au dessin. J’ai aussi eu l’opportunité de donner des cours de peinture à cet endroit», précise-t-il.
Son amour grandissant pour la peinture, la curiosité et la volonté de se perfectionner amènent Albec à s’inscrire au certificat en arts visuels à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). «J’y suis demeuré de 1990 à 2000; j’y ai vécu les plus belles années de ma vie. J’ai été guidé par d’excellents professeurs qui m’ont enseigné à créer. Ça a été une révélation, car lorsque je peignais avant de faire ces études, je ne faisais que du recopiage de photos de caméra», avoue-t-il.
Ainsi grâce à la créativité, Albec découvre qu’il peut concevoir ses propres œuvres. Cette découverte lui ouvre de nouveaux horizons sur le plan personnel. «Je suis allé chercher des outils créatifs qui m’ont procuré une liberté dans l’expression de moi-même et de mes émotions. Cette liberté a eu des effets thérapeutiques: j’ai appris à me trouver, à vivre, à me connaître et à être présent pour moi et les autres au quotidien», déclare-t-il.
Sa collaboration avec le CAP St-Barnabé
La découverte de son potentiel créatif amène Albec à manipuler progressivement divers médiums: la peinture à l’huile et à l’acrylique, le pastel, la gouache, le dessin et l’aquarelle.
Avec ce dernier médium, Albec obtient des contrats et conçoit des toiles pour les organismes communautaires, en particulier le CAP St-Barnabé. La collaboration entre Albec et l’organisme communautaire d’Hochelaga-Maisonneuve trouve son origine dans un coup de cœur de Jeannelle Bouffard, sa directrice, pour l’artiste-peintre. «C’est un homme dévoué et très sensible. Il contribue en donnant des cours de peinture et en réalisant des toiles pour l’organisme», souligne-t-elle.
L’une des contributions d’Albec pour le CAP St-Barnabé est la réalisation de deux triptyques en 2005 représentant deux plans de l’église où se trouve l’organisme. «Jeannelle Bouffard m’a proposé ce projet pour décorer les murs de l’organisme. Elle m’a fait entièrement confiance puisqu’elle m’a fourni le matériel et elle ne savait pas si le résultat allait lui convenir», clame-t-il.
La réalisation de ses œuvres
Malgré la réussite des deux triptyques à l’aquarelle pour le CAP St-Barnabé, Albec fait part des difficultés associées au médium. «Lorsque je peins à l’aquarelle sur une feuille blanche, je dois repasser plusieurs fois sur le même ligne pour obtenir l’effet désiré. Il est possible que je commette des erreurs. Le type de papier et la quantité d’eau à utiliser pour humidifier le papier sont des facteurs à considérer quand j’utilise l’aquarelle. Lorsque je fais une erreur, celle-ci devient très difficile à corriger», note-t-il.
Malgré le côté très difficile de l’aquarelle, Albec aime utiliser ce médium. «Faire des erreurs quand je peins à l’aquarelle est salutaire puisque je m’efforce toujours de tirer profit de mes erreurs. Je les prends pour faire ressortir la beauté de mon œuvre à travers mon pinceau. Je capte les contraintes du quotidien avec mon pinceau et j’en extrais la beauté», philosophe-t-il.
Ses amis apprécient l’ensemble de ses œuvres et le complimentent sur l’aspect toujours serein de celles-ci. «Mes toiles sont pacifiques parce que mes émotions guident mon pinceau. Je peux transformer ce qui est négatif en quelque chose de positif. On dit de moi que je suis ainsi un peintre naïf ou impressionniste».
Maintenant rendu à l’âge de la retraite, Albec désire vivre dans la simplicité et la quiétude. «Je ne veux plus porter le poids de la souffrance des autres sur mes épaules. Je veux vieillir en paix et continuer d’embellir ma vie et celle des autres en continuant de peindre en utilisant mes émotions. Je fais ainsi preuve de compassion envers les autres», conclut-il sur une note de sagesse.
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