En Thaïlande, il y a une pratique de plus en plus répandue: la double tarification avec un tarif pour les touristes et un tarif moins cher voire la gratuité pour les nationaux. Evidemment, et ça ne date pas d'hier, ce système fait débat. D’autant plus que marginal, il s'applique dans de plus en plus d'endroits.
Le débat a été relancé avec force, il y a quelques jours avec l'annonce de cette double tarification pour la nouvelle attraction de l'Asiatique The Riverfront, la Grande Roue Asiatique SKY, qui a suscité de nombreux commentaires de farangs jugeant cela discriminatoires et appelant au boycott du lieu. Appel qui a pris un écho retentissant quand les administrateurs de la page Facebook de l'Asiatique ont décidé de bloqué le compte de Richard Barrow, le blogueur étranger sur la Thaïlande le plus suivi sur la toile et de supprimé toutes les commentaires sur le sujet. Une erreur de communication monumentale. Le Bangkok Post consacrait ce matin un article sur son site web à l'éviction du blogueur. En, voulant étouffer la question, il lui ont donné un retentissement formidable. Supprimer les photos de la dite route qui n'apparaît plus du tout sur leur page ce matin et tous les posts la concernant ne suffira pas faire taire la polémique.
Plus communs à Bangkok que dans le reste du pays et souvent pratiqués dans les hauts lieux du tourisme, ces prix spéciaux pour les étrangers s'appliquent dans al plupart des attractions touristiques mais aussi dans les musées, les zoos ect... La Thaïlande n'est pas une exception, on retrouve des doubles tarifs dans bien d'autres pays du monde. En général des pays où le pouvoir d'achat de la population est sensiblement plus faible comparé à nos pays occidentaux. Vu sous ce prisme, on accepte peut-être plus facilement que pour rendre accessibles ces monuments ou attractions aux bourses des Thaïlandais, on pratique des prix adaptés à leur moyens et que l'on compte un peu plus sur les étrangers pour remplir les caisses. Et c'est leur patrimoine finalement. Mais quid des touristes des pays moins riches ? L'argument qui revient souvent c'est que la réciproque n'est pas vraie, les tarifs sont uniques chez nous. Mais ils sont déjà chers aussi.
Un autre aspect de cette question concerne l'accès aux temples de Thaïlande qui pour les plus réputés réclament un droit d'entrée aux étrangers lorsque leur accès est évidemment libres pour les Thaïlandais. Ils sont des fidèles pas des touristes et laissent des dons qui peuvent parfois dépasser le prix payé par un touriste. Le ticket d'entrée devenant en quelque sorte l'offrande forcée du visiteur étranger. Elle n'a évidemment pas la même signification spirituelle pour celui qui la paie. Il m'arrive souvent de me recueillir dans les temples de Thaïlande et de laisser une offrande, lorsque j'ai payé un droit d'entrée, c'est lus délicat, l'endroit c'est finalement transformé en musée à mes yeux et n'est plus vraiment un temple. Oui, quid des farangs bouddhistes, ils sont des fidèles mais ils paient quand même le droit de pénétrer dans leur lieu de culte. J'avoue que jusque là avec des prix de 20 à 50 baths, je m'en accommodait très bien mais lorsqu'en début d'année le Wat Po passait à 100 THB (contre 50 THB avant) pour accepter un étranger, un cap était franchi. Plus possible de faire les balades à la tombée de la nuit dans les allées que j'affectionnais. Quand on sait que le Wat Pho accueille en moyenne 8 000 à 10 000 personnes par jour dont la moitié sont des visiteurs payants, on se rend compte que les sommes amassées sont gigantesques. Une estimation évoque le chiffre de 500 000 dollars par mois. Après s'il est bien utilisé et aide la population, je n'y trouverais rien à redire.
Le débat est complexe, il faut mettre les choses en perspective. Et finalement les touristes acceptent cette discrimination tarifaire ou la subissent sans trop de mal tant que les prix restent raisonnables. A trop se battre pour une égalité des prix, le résultat pourrait être une harmonisation qui ne serait pas un alignement sur le prix thaï mais un nouveau prix à mi-chemin qui serait moins facile à supporter pour beaucoup de Thaïlandais. Mais il faut tout de même faire attention à ne pas trop donner l'impression que le touriste est une vache à lait. Même s'il faut reconnaître que la majorité des temples du pays restent accessibles gratuitement aux étrangers également et que contrairement à d'autres pays voisins, il est très facile de voyager en Thaïlande en prenant les transports en commun publics où le tarif appliqué est le même pour un farang ou un thaïlandais. Espérons que ça ne change jamais...