Reçu la newsletter de l'Observatoire des inégalités.
Je recopie ci-dessous deux extraits d'un résumé d'article à lire en entier sur le site, titré "les riches encore
plus riches" :
"une récente étude de l’économiste Camille Landais sur l’ensemble des revenus déclarés aux impôts [3] a donné la mesure de
l’écart entre l’évolution des revenus de l’immense majorité de la population et ceux des plus riches.
Sur la période 1998-2005, le revenu moyen déclaré par les Français stagne quasiment, passant de 23 205 à 24 574 euros. 5,9 % de mieux en huit ans, soit… 0,82 % par an en
moyenne.
Cette moyenne très faible cache cependant de grandes disparités.
Pour les 90 % des Français les moins riches, l’évolution des revenus est en deçà de cette moyenne : 4,6 % de mieux seulement sur la même période.
Les 10 % les plus riches sont eux nettement mieux lotis : + 8,7 %.
Phénomène étrange, plus on resserre la focale sur des fractions de plus en plus réduites et de plus en plus élevées des hauts revenus, plus les revenus augmentent de façon spectaculaire.
Ainsi, le dix-millième des Français les plus riches (3 500 foyers) a-t-il vu sa fortune augmenter de 5,2 %… chaque année, soit au final 42,6 % de mieux.
Bref, plus on était riche en 1998, plus on est riche en 2005. Et comme ailleurs, les salaires sont pour beaucoup dans cette hausse.
Les 250 000 salariés français les mieux payés (1 % de l’ensemble des salariés) ont vu leurs rémunérations augmenter de 14 %.
L’élite des 25 000 meilleurs salaires français a, elle, eu droit à une petite augmentation de 29 %.
Pour ceux enfin qui font partie du club très fermé des 2 500 plus grosses feuilles de paie, alors là, c’est carrément 51 % de mieux en 8 ans !
De ce point de vue, souligne C. Landais, « la France rompt avec 25 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires, et semble converger vers les modèles de rémunération des hauts
salaires anglo-saxons »."
Cette évolution ne peut s'être produite sans avoir de conséquences sociales, ou sociétales :
"Au-delà de ces explications et des constats chiffrés se dessine enfin une autre question. Opulents, nombreux, en pleine croissance, les riches
ne tendent-ils pas à devenir un véritable groupe social ? On peut le penser quand on voit la manière dont les classes supérieures tirent profit de leur inscription internationale pour
asseoir leur domination. Ces nouvelles élites internationales forment en tout cas un monde à part avec sa hiérarchie interne, ses rivalités, ses codes sociaux et un style de vie naturellement hors
du commun mais finalement très contraignant."
Je laisse de côté le "finalement très contraignant", qui rappelle la fable de La Fontaine ([...] Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or, Chantait peu, dormait moins encor ; C'était un homme de finance.[...])
Mais cette classe enrichie par la crise, qui profite de l'ouverture au privé, ces consultants payés à prix d'or pour
refaire le travail des fonctionnaires auquel ils ne connaissent pas grand chose, ces Poweo qui nous vendent plus cher
l'énergie qu'ils achètent à EDF, bref, les braves gens qui s'enrichissent du démantèlement des services publics ; me semblent tout désignés pour faire... de bons européens. Et qui reprocheront
encore au petit peuple qui vote Non son "égoïsme" et sa bassesse de vues, en toute bonne conscience (rappellons que les votes au référendum ont été corrélés très étroitement avec le revenu, les classes les plus aisées se
prononçant pour le oui massivement).
Et si le "populisme" avait une justification concrète, nichée au fond du porte-monnaie fondant de la ménagère ? L'Europe devrait se rappeler ce qui peut naître de la misère des peuples...