Le poil n’est pas une partie du corps particulièrement attirante pour moi.
Quand j’ai un poil ou un cheveu sur la langue (au sens propre) ; mon corps le rejette violemment et c’est normal ; c’est une substance particulièrement indigeste.
En ce moment je suis barbu ; une grosse barbe rousse, poivre et sel et j’ai l’impression de passer pour un chimpanzé auprès de nos amis chinois han qui se contentent parfois d’une barbiche filandreuse. Les gens du Xinjiang à l’ouest peuvent porter la moustache très fournie.
Pourtant en francais nous avons cette expression “au poil” qui implique une grande précision, presque parfaite et par extension un événement heureux, de circonstance, qui “tombe pile-poil” quand il faut, ou bien qui “tombe au poil”. Le site expressio nous dit que le poil en question pourrait être celui du pinceau du peintre.Et en chinois nous avions vu ce curieux caractère 髦 dans un poème de He Zhizhang sur le retour au pays (le poème proprement dit est ici). Il représente de fins cheveux ; ceux des tempes. J’aime bien le calligraphier ; son tracé avec tous ces traits obliques donne vraiment l’impression de dessiner des cheveux (comme dans celui de la tristesse). Son sens reste pourtant difficile à visualiser pour un français : dans notre langue la pilosité n’est faite que de cheveux ou de poils. Ici nous avons un poil long et fin, intermédiaire entre poil et cheveu.
(Nous avions vu qu’en chinois un poil parmi 9 vaches, c’est comme une goutte d’eau dans l’océan)
Et quand on dit temps-poil 时髦 en chinois cela signifie “en vogue, à la mode”.
Quelle bête a piqué français et chinois pour qu’ils trouvent que les poils sont au poil ?