Hier soir, je me suis endormi en lisant une phrase que Warren Buffett a lancé le 9 février 2012 sur les obligations: «Les obligations sont parmi les actifs les plus dangereux». Lorsque les taux sont bas comme en ce moment, elles n’arrivent pas à produire un intérêt suffisant pour compenser l’inflation, les impôts et les effets de taux de change des monnaies. Les investisseurs devraient donc y penser à deux fois selon lui. Si on l'écoute, il faut être investi à 100% en actions. Je ne suis pas d’accord.
Alors, qu’est-ce qui ne fonctionne pas avec cette déclaration?
Je n’ai pas la prétention d’être plus sage que l'oracle d’Omaha. Sa déclaration est pleine de vérités, mais omet aussi des réalités qui ne font pas partie du quotidien d’un milliardaire de 81 ans.
Voici 12 bonnes raisons de ne pas imiter Warren Buffett.
1-Nous ne sommes pas obligés d’acheter QUE des obligations nouvellement émises ou des obligations de gouvernements. Les déclarations de Buffett concernent 9 fois sur 10 les bons du Trésor américains que l’on traduit erronément par «obligations d’état» en français.
2-Les obligations ne sont pas corrélées aux indices boursiers et protègent réellement contre les baisses importantes. Il est vrai que les actions rapportent plus que les autres classes d'actifs à long terme. Mais parfois, les indices boursiers ont mis plus de 10 ans avant de reprendre simplement le terrain perdu. Avant de se poser la question: Avez-vous de l'argent à perdre? Posez-vous les vraies questions: Avez-vous du temps à perdre? Avez-vous suffisamment de temps avant de devoir effectuer des retraits importants?
3-On trouve aisément de VRAIES obligations étrangères et de sociétés de grande qualité offrant des coupons de rendements dépassant les 5%. Même en 2012-2013.
4-Les obligations administrées de manière stratégique peuvent être échangées AVANT l’échéance et sont couvertes contre les effets de taux de change.
5-Les meilleurs portefeuilles dynamiques d’obligations gèrent efficacement l’impôt en transformant les revenus d’intérêt en gain en capital.
6-Les gestionnaires institutionnels ont accès à des obligations à rendements RÉELS. C’est-à-dire qu’elles offrent un taux de rendement bonifié en tenant compte de l’inflation. Si l’obligation a un coupon de 3% et que l’indice du coût de la vie est de 2%, vous obtiendrez alors 5%. On peut facilement en obtenir par le biais de quelques fonds communs, FNB ou caisses de retraites.
7-Nous n’avons ni la sécurité financière ni la sécurité d’emploi d’un milliardaire comme un Buffet, Soros, Gates ou Jarislowsky. Si vous possédez un actif de 100 000$ qui baisse de 20%, il ne vous reste que 80 000$. C’est stressant. Si un des milliards de Buffett recule de 200 millions… jamais son sommeil ne sera compromis. Comment sera le vôtre?
8-Nous n’avons pas non plus la sécurité sociale d’un milliardaire. Comparativement à ces Crésus, nous ne pouvons espérer voir et consulter rapidement les meilleurs médecins de la planète. Nos ennuis de santé peuvent se transformer en ennuis financiers.
9-Par sécurité, les investisseurs de la classe moyenne ou supérieure doivent compartimenter leurs actifs. Fonds d’urgence, fonds pour les études des enfants, fonds pour les projets à moyen terme, fonds de retraite, etc. Ainsi, rien n’empêchera d’investir les fonds destinés à la retraite dans une plus grande proportion dans des titres boursiers. Comme on mettra probablement des décennies avant de devoir en retirer la plus grande portion, dans CE CAS on peut se permettre plus de volatilité.
10-N’ayant pas une aussi grande connaissance des ficelles politiques, économiques, et financières liées à l’investissement que les gourous, il nous est très ardu de connaître toutes les informations clefs ou de calculer tous les ratios essentiels avant de prendre des décisions éclairées.
11-La plupart des investisseurs comprennent les explications et les théories de Warren Buffett mais ils n’ont ni ses ressources inépuisables, ses contacts, ses outils, ses connaissances et le plus important: son sang froid.
12-Les incertitudes de la vie font en sorte qu’il vaut mieux avoir des portefeuilles diversifiés en liquidité, en actions et en obligations et RESTER investi que d’avoir 100% en bourse, se décourager et finir par tout garder en CPG. Les certificats de dépôts n’enrichissent que le fisc, les caisses et les banques.
Après impôt et inflation, leurs détenteurs sont les grands perdants de notre système financier.
En connaissez-vous?
Posté avec Blogsy