La violence conjugale, bien qu'identifiée comme facteur de danger pour l'Enfant, demeure « comme une zone aveugle », coincée entre conjugalité et parentalité, et la possibilité de prendre les mesures adaptées est souvent limitée. Ses répercussions peuvent altérer le devenir adulte des enfants, mais touchent de manière immédiate les conditions de vie dans lesquelles ces enfants grandissent au quotidien. Cette expertise, livrée au 14 décembre, par l'Observatoire national de l'enfance en danger (ONED), basée sur la littérature scientifique publiée sur le sujet, comme sur l'expérience de thérapeutes, montre que des outils existent. Elle apporte des clés aux professionnels de santé et permet de mieux penser la place de l'enfant en situation de violence conjugale.
Les conséquences sur l'Enfant sont multiples, et si le syndrome de stress post-traumatique qui comprend des symptômes d'intrusion (cauchemars, pensées envahissantes, flashes), d'évitement (de tous les stimuli associés au traumatisme) et neurovégétatifs (irritabilité ou accès de colère, difficultés de concentration..) est le plus souvent retenu par les thérapeutes, un grand nombre d'autres indices, dans le comportement de l'enfant, « peuvent mettre sur la piste » d'une exposition à la violence conjugale. Ainsi, des ruptures dans le comportement, l'agressivité ou même l'hyper-maturité ou encore les comportements à risque ou délictueux peuvent indiquer et évoquer pour le professionnel, une situation de violences conjugales. Enfin, chaque âge a « ses propres effets » sur la santé mentale ou physique, sur le développement physique ou mental et sur la construction de l'identité et des aptitudes sociales.
Reconnaître les symptômes d‘une exposition à la violence conjugale reste donc un exercice délicat car les symptômes sont variables avec l'âge, multiples, complexes, communs avec d'autres types d'exposition, et le rapport entre une situation de violence conjugale et la symptomatologie n'est pas toujours tel qu'anticipé, en raison de situations familiales différentes comme la mise à l'abri de la mère ou son hospitalisation et en raisons de réponses très variables de l'enfant exposé, résilient, dépressif ou en lutte. L'enfant pourra même développer toute une série de réponses protectrices comme une force de caractère, une autonomie ou une maîtrise de soi et se montrer capable de gérer son stress ou de développer son sens de l'humour pour mieux faire face à la situation.
Une intervention globale la plus précoce possible: Le rapport de l'ONED montre que quelles que soient les formes de violence conjugale (Schéma ci-contre), la première étape, pour les professionnels du champ santé social, consiste à pouvoir la repérer, puis à relayer les victimes vers un professionnel de l'accompagnement. L'approche sera alors globale, en abordant la situation dans sa dimension problématique pour les adultes comme pour les enfants, c'est-à-dire sous ses aspects conjugalité et parentalité. L'ONED propose ici une série d'outils, comme un guide d'entretien, pour travailler le rapport à la violence avec chacun des acteurs de la famille et qui vont faciliter la dynamique d'accompagnement. L'évaluation de la famille doit permettre de caractériser la nature du danger encouru par l'enfant, d'évaluer sa gravité et de recueillir des éléments susceptibles de renseigner sur
la sensibilité des parents aux besoins de l'enfant pour évaluer puis soutenir le développement de ces compétences chez les parents. Dans cette évaluation familiale, l'enfant devra trouver son espace d'expression de son ressenti et de ses émotions. Ici, encore, ce rapport nous apporte des outils pour travailler à l'expression et à la protection avec les enfants.
Un « protocole » bien défini : A la lumière des connaissances scientifiques et des expériences collectées, quelques principes d'intervention envers les enfants exposés aux violences conjugales, base d'un protocole à suivre nous sont proposés :
· Briser l'isolement
· Cerner les émotions
· Informer/recadrer
· Développer des habiletés à résoudre des problèmes
· Augmenter l'estime de soi
· Concevoir des scénarios de protection
Le soutien à la parentalité reste, bien évidemment un maillon essentiel de cette prise en charge ciblée sur l'enfant, et ne pourra que donner tout son sens à la théorie de l'attachement, qui fait du sentiment de sécurité acquis par l'enfant avec sa mère en particulier et si possible, la base de sa reconstruction.
En conclusion, un rapport riche et complet, dont seuls les grands axes sont ici présentés et qui mérite toute l'attention des professionnels concernés.
Source : ONED Rapport: Enfants exposés à la violence conjugale
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