Droite (anti) sociale : la motion « au bon beurre »

Publié le 14 décembre 2012 par Letombe

L’appellation « Droite sociale » ne doit pas tromper Elle n’a de sociale que le nom. Mais, son approche est également inquiétante. Elle est conduite par une volonté de stigmatisation et de culpabilisation sociales et un paternalisme conservateur.
À elles seules, les deux motions jumelles Droite forte et Droite sociale recueillent près De 50 % des suffrages. Loin devant Les Gaullistes, La Droite populaire et la Boîte à idées qui remportent respectivement 12,31 %, 10,87 % et 9,19 % des voix.


Cette motion reprend l’antienne des minorités silencieuses qui souffrent, en opposition aux Assistés sociaux, assimilés à des profiteurs du système.


Culpabilisation.


Ce texte, censé porter une ambition sociale, ne nécessite guère de travail fouillé en terme d’analyse, tant il est court très court, même : pas plus d’une page et demie…

Il reprend l’antienne des «minorités silencieuses » qui souffrent, en opposition aux « assistés sociaux»,
assimilés à des profiteurs du système. Lequel ne leur conférerait que des droits, sans la moindre contrepartie, en retour ! Cette argumentation, maintes fois répétée, au cours de la dernière décennie particulièrement, sous le mandat de Nicolas Sarkozy tend une nouvelle fois à stigmatiser les différentes franges de la population, en ciblant, prioritairement, les catégories les plus modestes. Peu de choses, en revanche, sur les classes les plus aisées, choyées et cajolées, cinq années durant.
Au final, cette tirade n’a d’autre objectif que de culpabiliser les plus fragiles, rendus responsables de leurs propres difficultés.
Coupables d’être pauvres, de se retrouver au chômage, de se soigner et de se loger aux frais du contribuable…
Et, surtout, d’être à la remorque des classes moyennes, priées de mettre la main à la poche Et de faire amende honorable !


Touchées de plein fouet par la crise, celles-ci paient pourtant au prix fort les conséquences d’une politique néoconservatrice, dont les effets ont été désastreux, à tout point de vue, pour Notre économie.
Après cinq années de sarkozysme et dix années de gestion du pays par la droite, la dette s’est accrue de 900 milliards d’euros en une décennie, pendant que le chômage connaissait une hausse de plus d’un million de personnes entre 2007 et 2012, que la pauvreté explosait 8,5 millions d’hommes et de femmes sous le seuil de pauvreté.
Que l’échec scolaire amplifiait sans fournir la moindre alternative aux principaux intéressés, que la formation professionnelle se révélait malheureusement inefficace et que le marché du travail s’enfonçait dans la précarité.
L’accès à l’emploi comme critère d’attribution aux Logements sociaux? C’est le principe bien connu de la double peine que Wauquiez et ses amis appliquent à la lettre.
Stigmatisation.


Supprime les effets de seuil. Soit, mais comment ? Aucun projet digne de ce nom n’est proposé pour remédier à cette difficulté. Défiscaliser à nouveau les heures supplémentaires ?
Encore faut-il rappeler le coût particulièrement élevé de cette mesure : 4,5 milliards d’euros par an ! Pour quel résultat ?
Un nombre toujours plus élevé de chômeurs, un gain de pouvoir d’achat à somme nulle 6 millions de personnes percevant 750 euros ou parfois moins et le minimum pour ceux qui sont en mesure de « travailler plus », au gré des besoins du chef d’entreprise, et non du salarié, comme le prétendent Laurent Wauquiez et ses amis.
Favoriser l’intéressement et la participation pour partager les fruits de la croissance ? Soit, mais gare à la tentation d’une rémunération déguisée et défiscalisée pour le patron, et qui n’apporte pas sa contribution à l’effort national.
Encore faut-il, donc, que cette proposition ne tourne pas au marché de dupes. Avec, pour conséquence, l’effondrement des recettes et de la protection sociale solidaire.
L’accès à l’emploi comme critère d’attribution aux logements sociaux ? C’est le principe bien connu de la double peine que Wauquiez et ses amis appliquent à la lettre.
Déjà fautif de ne pas travailler, l’inactif est prié de déguerpir et de trouver un lieu d’accueil où bon lui semble…
Avec la Droite sociale, comme avec la Droite forte, l’exclusion bat son plein !
Second volet, et non des moindres, le « cancer de l’assistanat » ! La chasse est lancée !


Déjà fautif de ne pas travailler, l’inactif est prié de déguerpir et de trouver un lieu d’accueil où bon lui semble… Avec la Droite sociale, comme avec la Droite forte, l’exclusion bat son plein !


Plus de devoirs, moins de droits !
Pas de pitié pour les chômeurs et les exclus du système ! On saisit aisément le but de la manœuvre :
Discréditer celles et ceux qui perçoivent des allocations et pointer du doigt tout individu percevant indûment des aides sociales. Quant aux salariés, ils ont tout lieu de s’estimer heureux de posséder un emploi et de percevoir une rémunération.
Propositions insidieuses.
Travailler, en contrepartie du RSA : c’est bien sous le mandat de Sarkozy que l’idée a été fabriquée de toute pièce !
Encore aurait-il fallu mettre en place les structures et personnels propres à accompagner une mesure qui, pour discutable qu’elle soit, n’en aurait pas moins nécessité un minimum d’encadrement.
Au diable, les détails ! Les impétrants peuvent bien se débrouiller seuls et se mettre en quête d’un travail.
La motion suggère, par ailleurs sans pour autant formuler la moindre proposition de combattre les fraudes fiscales et sociales (+ de 50 milliards d’euros par an).


Ce, en visant implicitement les étrangers qui se trouvent en situation régulière ou irrégulière.
Rien, en revanche, sur la fraude fiscale et aux organismes sociaux dont se rendent responsables un parterre d’entrepreneurs peu scrupuleux, heureusement peu nombreux, au même titre que les présumés fraudeurs «sociaux».


Lutter contre l’exil fiscal ? Certes, mais on est en droit de s’interroger sur l’étendue des projets gouvernementaux, en la matière, entre 2002 et 2012,et l’action menée par Fillon. Financer le permis de conduire des jeunes, en contrepartie d’un service social ?
Une bonne idée, certes, mise en place de longue date par plusieurs Conseils généraux, pour permettre aux bénéficiaires de se déplacer à moindre frais pour trouver un emploi. L’assurance chômage, en contrepartie d’une formation ? Mais, alors, pourquoi éliminer le projet de Sécurité sociale professionnelle ou feindre de l’oublier en route ? Retour, donc, à la case antisociale ! Reste la crise du système financier qui vaut à la Droite sociale de remettre au goût du jour les recettes du XIXe siècle ! Le tout, au prix d’une analyse à l’emporte pièce qui tourne le dos aux mutations économique du XXIe siècle. Depuis, la mondialisation est passée par là et on ne peut se contenter de regarder indéfiniment les avions passer. L’un des maux qui affecte notre société est la financiarisation de l’économie. Les profits à court terme mettent en péril le tissu industriel et l’appareil productif. Il fragilise tout autant le secteur tertiaire, soumis au sacro saint principe de rentabilité immédiate.


Les entreprises du CAC 40, suspectées de s’enrichir sur le dos des salariés ? C’est pourtant bien sous la droite que l’impôt dégressif a été réhabilité, au mépris de l’Égalité des droits de l’homme et du citoyen.


Les entreprises du CAC 40, suspectées de s’enrichir sur le dos des salariés ? C’est pourtant bien sous la droite que l’impôt dégressif a été réhabilité, au mépris de l’Égalité des droits de l’homme et du citoyen. Plus il y a de profits, moins on paye d’impôts ! N’est il pas aberrant de constater que ces mêmes groupes participent marginalement à l’effort de solidarité, en comparaison du travail fourni par les PME/PMI, dans un rapport de 1 à 5 ! En laissant le MEDEF piloter la politique économique et fiscale, il ne fallait guère, il est vrai, s’attendre à ce que la justice soit au rendez vous ! Au final, 75 millions d’euros de niches fiscales.


Arrière, toute ! En finir, une bonne fois pour toute, avec les 35 heures ! En dix ans, la droite n’a pas trouvé le temps de mettre ses menaces à exécution. Ce qui n’empêche pas les tenants de la Droite sociale d’appeler nos gouvernants au respect du droit européen, sans la moindre explication supplémentaire. À croire que la difficulté est trop grande pour dénicher un angle d’attaque susceptible de remettre en cause cette avancée sociale, au delà du discours. Endiguer le harcèlement normatif ? La plus grande difficulté pour les PME/PMI, c’est bien la disparité fiscale qui les démarque des grands groupes. Si des normes et des règles sont définies, ce n’est pas pour nuire à leurs intérêts réciproques. Elles n’ont pour autre objet que de sécuriser les parcours professionnels, les processus industriels, en limitant les nuisances, ou bien encore de protéger l’environnement et les consommateurs. Trop d’abus ont été commis et il paraît urgent de les encadrer. Loin des préconisations hasardeuses de Laurent Wauquiez et de ses colistiers. Favoriser l’accès au crédit pour les PME ? C’est précisément ce que François Hollande vient de faire, via la création de la BPI. Il fallait une réponse forte à la crise financière que la droite n’a pas su endiguer. Et non en renflouant les caisses des banques, sans engagement en retour et sans le moindre souci du « gagnant gagnant »,en reproduisant ainsi les comportements d’avant crise. Miser sur l’apprentissage ? Cette stratégie peut s’avérer payante dans certains secteurs d’activités, en veillant à ne pas créer des sous emplois et des salariés « kleenex », comme ce fut trop souvent le cas depuis 2002. Un pays développé a besoin d’être sans cesse à un niveau de formation élevé.


Faire le choix de la préférence communautaire ? C’est devenu une obsession au sein de l’UMP !


Conclusion.

En lisant cette motion, prétendument centrée sur la justice sociale, on est en droit de s’interroger. Comment peut on se prévaloir de la justice, dès lors que l’on ne juge positivement qu’une tranche de la population, en stigmatisant l’autre partie, la plus modeste, qui est aussi la plus nombreuse ? Comment peut-on se prévaloir d’une éthique sociale et morale, lorsqu’on s’attache sans cesse à rogner les droits individuels et collectifs ? Après avoir dirigé la France pendant une décennie, la droite s’abandonne au dogme ultralibéral, s’enferre dans ses certitudes qui ont mené la France au résultat calamiteux distingué par le rapport Gallois. La droite reste obstinément dans le déni. Il serait utile que l’UMP assume pleinement ses responsabilités, en revenant sur les causes de sa double défaite du printemps dernier et en proposant un vrai projet pour la France. Et non un patchwork d’idées incohérentes, contradictoires, voire simplistes et dangereuses pour notre avenir.


Il serait utile que l’UMP assume pleinement ses responsabilités, en revenant sur les causes de sa double défaite du printemps dernier et en proposant un vrai projet pour la France.


C’est pourtant ce que font, aujourd’hui, les amis de Laurent Wauquiez. « J’ai 36 ans, je n’ai pas à assumer le bilan des trente dernières années. Mais vous avez raison, il y a une responsabilité collective de la gauche et la droite, assume-t-il crânement. C’est pour cette raison que ce livre dit « ça suffit ! »(ndlr : La lutte des classes moyennes, Odile Jacob, 2012). Les classes moyennes devraient être au cœur de la société, mais au final elles ne sont que des « cochons payeurs » : on ne pense à elles que pour payer. » Ces mêmes classes moyennes méritent mieux que ces proclamations de comptoir.


(http://www.atlantico.fr/decryptage/l

(Veille et de riposte Parti socialiste)