Flashback de 20 ans. Elle est toute pourrie mon histoire, la même histoire, celle de mon départ, celle que tu viens lire ici de temps en temps. La dimension dramatique moins intense, j’aurais certainement annoncé au travers d’une lettre à ma famille mon intention de partir loin de tous, plus difficilement (voir impossible) de mettre en scène ma fuite, laisser des traces de mes sentiments et de mes pensées dans un journal intime que moi seule aurait eu l’audace de jeter dans le feu plus tard.
Google n’aurait jamais eu la trace de mes faiblesses, mes enfants n’auraient pas eu la joie de découvrir le parcours frondeur de leur mère. Le numérique a remplacé nos désirs créatifs, remplacé nos vies par du virtuel, remplacé notre pauvre vie sociale et tenté de la combler par le biais de nos réseaux sociaux. Mon compte Facebook est actif, il est là bien présent, il existe pour mieux me faire exister au sein d’une communauté. Et pourtant ma photo n’est pas la mienne, mon nom n’est pas celui que je porte depuis toute petite, rien n’est fidèle à ma représentation.
Rien. Je suis juste ici, là, et ici, peut être là, pas vraiment loin, mais proche quand même, si tu prenais le temps de bien regarder tu pourrais me voir. Ici le temps passe lentement, j’ai choisi la chaleur comme réconfort. C’est compliqué de traduire cette lenteur. C’est compliqué de me relire, compliqué de me comprendre, la trace numérique que je laisse illustre de façon sommaire la femme que je suis. Pour me donner de la consistance il va me falloir trouver un autre moyen pour venir te parler, la vidéo semble être un moyen radical. Et si demain tu me découvrais ?!