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Jason Bourne : l'Héritage (Toni Gilroy, 2012)

Par Doorama
Jason Bourne : l'Héritage (Toni Gilroy, 2012)  Alors que le gouvernement se bat pour clôturer le programme Threadstone et éliminer Jason Bourne, d'autres programmes doivent être aussi fermés dans la foulée. Outcome est l'un d'eux, toute trace est progressivement éliminée, mais l'un des super-agents à abattre, Aaron Cross va tout faire pour échapper au grand nettoyage... Pour sauver sa peau, il doit commencer par sauver le Dr. Marta Shearing, indispensable pour sa propre survie...
C'est au scénariste de la trilogie Jason Bourne qu'est revenue la charge de relancer la franchise ...sans Jason Bourne ! Exit, donc, le personnage, exit Matt Damon, au profit du système opaque qui l'avait enfanté, et coup de projecteur sur un autre programme, sur un autre agent dans le collimateur d'une gigantesque purge dans les secrets du gouvernement. Jason Bourne : l'Héritage cherche une nouvelle recette et lorgne vers un rythme à la Bond tout en cherchant à honorer le lourd héritage d'une trilogie particulièrement réussie...
La Mémoire Dans la Peau en 2002, La Mort Dans la Peau en 2004 et La Vengeance dans la Peau 2007... La franchise Jason Bourne est à la recherche d'un second souffle, alors qu'elle n'en manquait pourtant pas, et a au moins le mérite de ne pas chercher à user jusqu'à la trame le personnage initialement créé en tentant une création plutôt qu'un simple recyclage. On pourra aussi mettre au crédit de cet Héritage le soin apporté à réaliser la transition en douceur. On entend donc souvent des nouvelles de l'avancement du cas Bourne dans les hautes sphères du renseignement, puisque notre histoire prend place de manière parallèle avec les films que nous connaissons, il est même parfois amusant de voir des télés diffuser la photo du fugitif Bourne, garantissant l'ancrage dans l'univers précédant. Mais si les intentions sont bonnes, nous n'en dirons pourtant pas autant de leur exécution...  
Jason Bourne l'Héritage semble se concentrer sur les ponts qu'il fait avec l'univers existant davantage que sur la création d'un nouveau personnage qu'il affiche. Si Gilroy (celui de l'élégant et intéressant Michael Clayton) fait des pieds et des mains pour assurer la fidélité et la continuité avec l'esprit de la trilogie originale, le résultat peine à convaincre. Aaron Cross est dans une situation "Bournesque", possède les mêmes qualités d'excellence que son collègue Damon, mais s'il hérite de son efficacité, c'est au détriment de ce qui rendait Jason Bourne attachant. Ce nouvel agent tend vers le James Bond, son infaillibilité et sa réussite ne font pas vibrer, tant il parvient à tout gérer... Certes le personnage de Damon était déjà sur-dopé à l'ultra réussite de ses actions, mais ici c'est le systématisme quasi certain qui l'emporte, sans même avoir esquissé la possibilité de l'échec qui existait en filigrane (fin, certes) auparavant. Trop fort, trop parfait, ce nouvel agent se désincarne, et si nouveau soit-il, est plus une copie du précédant, le coté "humain" et faillible gommé. Jeremy Renner à le physique de l'emploi, mais la surenchère de son personnage tue la finesse de son personnage. 
On s'étonnera aussi du rythme de ce nouveau Bourne... Plus de la moitié du film est consacrée à assurer une continuité cohérente avec la trilogie précédente (comme s'il fallait assurer les prochaines aventures...) et les morceaux de bravoures semblent se concentrer sur sa deuxième partie à Manille, où se déroulera le long point d'orgue de l'épisode, une poursuite à moto bien pensée, mais plutôt fatigante. S'il y a dans ce Bourne la précision du film d'espionnage qui caractérisait les précédents, ainsi qu'un peu de paranoïa, c'est quand même l'impression d'un Bond période Pierce Brosman qui l'emporte. Le spectaculaire ne vient plus enrichir le film d'espionnage précis, il s'impose au premier plan pour donner à l'ensemble toutes les caractéristiques du film d'action. Mais au milieu de toute cette concentration bavarde à récupérer l'héritage, le film de boursoufle, adopte un rythme irrégulier, presque laborieux, jusqu'à abandonner littéralement le spectateur d'un coup d'un seul, après une poursuite qui semblait enfin ouvrir les hostilités. Jason Bourne l'Héritage est long (trop ?), mais semble se terminer en queue de poisson par un "Aaron Cross reviendra dans...", en ayant à peine clôturé son propos, tout comme la saga des Bond.
Résumons-nous... Ca ressemble à du Bourne, ça se déroule dans l'univers de Bourne, son personnage est une variante (ersatz ?) de Jason Bourne, les recettes sont celles de Bourne, mais au final, c'est presque à un Bond ordinaire que nous assistons. Alors c'est très bien fait, on s'amuse pas mal, mais on est loin, très loin de la mécanique originelle de la trilogie initiale. Tout cela frôle le simple blockbuster qui pille et imite (de manière adroite, mais sans réussite au final) un modèle. Jason Bourne l'Héritage reste dans la famille, mais l'industrie aura pompé et fait fondre une bonne partie du patrimoine transmis ! Film honnête si la trilogie Bourne n'avait pas existé, ce "presque-reboot" de la trilogie qui lorgne vers le lancement d'une franchise, est loin d'égaler la réussite de tonton Jason. En Thaïlande, on dit "same, same"...
Jason Bourne : l'Héritage (Toni Gilroy, 2012)

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