Que se passe-t-il quand une trentenaire, pas super jolie et pas super assurée, se retrouve brusquement célibataire et sans emploi ? Eh bien ça donne Ástríður, une héroïne islandaise à la Bridget Jones dont je voulais faire connaissance, et dont j'avais donc acheté les aventures en DVD cet automne. Dans la série qui porte son nom, Ástríður fait figure de personnage un peu cliché au premier abord, mais fort heureusement, le personnage se montre plus intéressant qu'il n'y parait.
Alors, une fois n'est pas coutume, je vous embarque aujourd'hui dans une petite comédie (un peu) romantique...
L'histoire d'Ástríður, la série, commence alors qu'Ástríður, l'héroïne, revient du Danemark où elle vivait en couple avec celui qui était supposé être l'homme de sa vie, et où elle également achevé ses études. Malheureusement, sa relation n'a pas fonctionné, et la voilà qui revient en Islande avec à peu près rien, si ce n'est une valise, et un appartement vide qui l'attend. On pourrait se dire que c'est là le parfait portrait de la nana paumée et sans doute malheureuse comme les pierres, mais pas vraiment.
Et je crois que c'est ce qui, d'instinct, m'a plu chez Ástríður, le fait qu'elle perçoive tout cela comme des changements, un nouveau départ, mais pas comme un échec. Elle m'a plu d'emblée, cette petite nana, parce que sa vie ne finissait pas avec sa relation éteinte, voilà : elle commençait.
Lorsque l'épisode commence, Ástríður est au téléphone avec sa mère, restée au Danemark : elle l'appelle pour lui dire qu'elle est bien rentrée (sa mère ne comprend pas à quoi ça sert, ça donne bien le ton). Sa mère ne l'écoute qu'à moitié ; elle s'inquiète de savoir si son ex-gendre va bien, et pas vraiment de savoir comment Ástríður se remet de sa rupture. Bagage à la main, Ástríður lui explique qu'elle vient d'arriver, que l'appartement est peint et qu'il lui plait bien comme ça tout blanc, qu'en somme, elle va bien... et ça n'est pas du chiqué. Elle a vraiment l'air d'aller bien. Elle soutient que c'est elle qui a plaqué son copain, et en dépit de sa mère qui semble convaincue que sa fille s'est faite larguer brutalement et renvoyer au pays. Elle est évidemment un peu anxieuse à l'idée de commencer un nouveau boulot dans l'entreprise de son oncle, mais enfin, elle a l'air solide, cette petite bonne femme, et ça me l'a instantanément rendue sympathique. Ástríður, en dépit de sa mère qui se désintéresse totalement d'elle et se contente de lui asséner des banalités négatives, c'est une fille chouette.
Seulement, elle est quand même un peu maladroite, Ástríður, et elle sait qu'elle ne sera pas forcément d'emblée à l'aise dans son nouveau boulot, d'autant qu'elle commence une toute nouvelle carrière. Ca se confirme effectivement quand elle commence à bosser le lendemain et que son oncle (jovial mais aussi franc qu'un âne qui recule) lui fait quelques remarques un peu étranges, et, surtout, qu'elle rencontre Fanney, une femme superbe, mais glaciale, avec laquelle elle va devoir travailler. Fanney la met sans cesse en boîte, notamment sur son look (cela conduira Ástríður à aller faire les boutiques, poussée par son oncle trop content de la faire ressembler à l'employée idéale), ne perdant pas une occasion pour la rabaisser avec des remarques cinglantes, mais toujours effectuées avec le plus parfait des sourires. Sauf que, là encore, plutôt que de totalement se laisser marcher sur les pieds, vous savez ce que fait Ástríður ? Elle est formidable cette petite. Elle râle. Bah ouais, elle n'allait quand même pas se laisser complètement saper le moral par une bitchasse, quand bien même elle n'a pas forcément l'aplomb pour la remettre à sa place.
Sauf que, Ástríður étant quand même la reine de la bourde, lorsqu'elle se plaint de Fanney à un collègue bien plus sympathique qui a l'air d'être mieux disposé à l'accueillir à bras ouverts au sein de l'entreprise, un charmant geek du nom de Bjarni, elle ignore que celui-ci est en couple avec Fanney ! En fait, c'est même pire que ça, ils vivent ensemble...
C'est là qu'on sent qu'Ástríður a décidé de se la jouer quand même un peu comédie romantique sur les bords, à la façon dont, coulant un regard vers Bjarni, Ástríður a envie de lui dire : "comment tu peux être avec une fille comme ça alors que, toi et moi, dés le départ, on s'entend si bien ?". Mais ça reste suffisamment léger pour que votre serviteur ne trépigne pas d'impatience devant son écran, et conserve le sourire.
Plus tard dans l'épisode, lorsqu'on lui demandera si elle a fait des rencontres dans son nouveau boulot (parce que malheur, il ne faudrait pas qu'en plus elle reste vieille fille), Ástríður bégaiera qu'il y a un type bien au boulot, mais que ça ne se fera jamais (...mon oeil !).
Mais Ástríður, c'est aussi, en grande partie, une comédie de bureau rappelant vaguement les dynamiques du genre The Office, mais avec un humour typiquement scandinave. Ainsi, l'entreprise où atterrit notre héroïne compte un type en fauteuil roulant, qui va sans cesse sortir mettre Ástríður mal à l'aise avec ses remarques mi-figue mi-raisin, et sa façon de rappeler constamment qu'il est en fauteuil roulant (un peu comme Todd dans Committed, pour ceux qui se souviennent du personnage handicapé le plus pervers de toute l'histoire de la télévision). Ou encore, Ástríður va provoquer une crise cardiaque chez un employé... sauf qu'elle est tellement poissarde que lorsqu'elle vient le visiter à l'hôpital, il fait une autre crise cardiaque ! Ástríður se fait ensuite expliquer que le collègue en question fait souvent des infarctus ; rassurée, elle retourne voir le pauvre collègue... qui REfait une crise cardiaque et reste sur le carreau.
La série, sans avoir d'immenses ambitions, est donc jalonnée de petites séquences de ce genre ; on est à vrai dire plus dans la dramédie absurde que dans une véritable comédie. L'oncle d'Ástríður compte aussi parmi les énergumènes étranges de la série, également, mais jamais jusqu'au point où il deviendrait un personnage de comédie.
Résolument, ce qui me plait dans Ástríður, c'est surtout la façon dont l'héroïne aborde une nouvelle phase de sa vie. Et, comme tous les personnages qui essayent de changer de vie, elle force parfois peut-être un peu le changement, par envie absolue d'aller de l'avant et/ou à cause de la pression extérieure, en oubliant qu'on ne peut pas tout changer. Quand son oncle l'emmène changer sa garde-robe, parce qu'Ástríður ne fait pas très "professionnelle" avec ses fringues (et qu'évidemment elle s'est prise une remarque de Fanney), les vêtements choisis par son oncle sont tellement austères et sérieux, qu'Ástríður sent immédiatement que ce n'est "pas elle". Elle tente quand même d'aller au boulot déguisée le lendemain, mais elle n'est pas à l'aise et finit par quand même modifier sa tenue ; c'était agréable de la voir refuser de se forcer à accepter un changement qui ne lui correspondait pas.
Et puis, je me suis particulièrement sentie proche d'Ástríður lorsqu'elle explique à Bjarni, au bureau, qu'elle va meubler son appartement uniquement avec un design épuré, et qu'elle ne va pas se contenter d'acheter des meubles chez IKEA, qui sont confortables mais pas très esthétiques, quand même. Mais quand l'épisode finit, Ástríður est au téléphone avec sa mère, au milieu de ses nouveaux meubles... et des cartons IKEA. Eh oui, changer de vie, ça ne veut pas dire changer soi-même, et il y a certaines choses qui après tout, par confort ou habitude, n'ont pas forcément lieu d'être changées. Ca me plaisait bien qu'Ástríður vive les choses de cette manière ; ce n'est pas parce qu'on vient de rompre que tout est à jeter !
Aujourd'hui, Stöð 2, la chaîne qui diffuse la série, a annoncé qu'Ástríður reviendrait (enfin !) pour une nouvelle saison au printemps 2013, après plusieurs années de développement (la première datait quand même de l'été 2009). Cette seconde saison est à nouveau écrite par Sigurjón Kjartansson (également auteur de Réttur et Pressa, le monde est petit), et le tournage devrait commencer en janvier.
Alors mille hourras pour Ástríður (et donc Ástríður), dont je vais donc achever les aventures dans l'intervalle histoire d'être parée... et vous devriez en faire autant !