Les réactions se multiplient depuis la remise au gouvernement du rapport de Pascal Auzannet sur le calendrier de mise en œuvre du métro automatique, le Grand Paris Express. La plus violente est celle de Christian Favier, président du conseil général du Val de Marne qui estime que ce rapport constitue "une déclaration de guerre contre Orbival", la partie du tracé qui concerne son département.
Pour Christian Favier, le président du Val de Marne qui bataille depuis des années pour une ligne de métro afin de désenclaver son département, la déception est totale. Ce rapport indique-t-il dans un communiqué " renvoie aux calendes grecques à la fois la ligne bleue qui relie Paris à Orly, la ligne Orange qui relie Champigny centre à Rosny et enlise pour de longues années la ligne rouge, le tracé que nous appelons ici Orbival, qui pourtant était prêt à faire l’objet d’une enquête publique".
L'élu en appelle solennellement au Premier Ministre : "Je lui demande de réunir sans délais l’ensemble des élus et acteurs concernés afin de dégager des pistes sérieuses pour tenir les engagements pris par l’Etat. Je pense notamment aux recettes nouvelles qui pourraient être dégagées ce que le rapport Auzannet s’est bien gardé de faire."
On observe un ensemble de réactions en chaîne. Voici un morceau choisi.
•Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP au conseil régional d'Ile-de-France "demande à Jean-Paul Huchon de renoncer à la mise en place du Pass Navigo unique afin de compenser ce surcoût."
•Mounir Satouri Président du groupe EELV au conseil régional d'Ile-de-France, demande 'la suppression de la ligne verte et des liaisons entre pôle d'affaires et aéroports"
•David Bodet (PS), président de la communauté d'agglomération du Plateau de Saclay, et Maud Olivier (PS), députée de la 5ème circonscription de l'Essonne: "Ce rapport, destiné à expertiser le projet de transports "Grand Paris Express", affirme sans ambiguïté le caractère prioritaire de la ligne verte et plus particulièrement de son tronçon Orly–Saclay"
•Patrick Devedjian, président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine : "prend note que les tronçons Noisy-Champs et Nanterre-Pleyel sont proposés en première phase, mais seulement en 2020. Il demande que les procédures et ce calendrier soient accélérés".
•Jean-Pierre Blazy, député PS du Val-d'Oise, maire de Gonesse: "Le rapport Auzannet rendu public ce matin renvoie la réalisation du tronçon entre Le Bourget RER et Le Mesnil Amelot à 2030 voire 2040. Roissy serait alors desservi par CDG Express ou le RER B avec une qualité de service améliorée d'après le rapport. Le barreau de Gonesse entre le RER B et le RER D serait accéléré. Malheureusement, le report de calendrier (..) revient à un abandon de ce tronçon"
Pour parachever ce florilège de mécontentement voici quelques déclarations d'élus de l’Est parisien:
"Nos inquiétudes sont très fortes", a résumé le maire PS d'Aulnay-sous-Bois Gérard Segura, dont la commune compte énormément sur sa nouvelle gare pour rebondir après la fermeture de l'usine PSA en 2014. "Comment attirer (aujourd'hui) un investisseur industriel à forte valeur ajoutée sur le site de PSA à l'horizon 2025-2026 ? Ça n'est pas raisonnable (...) Il ne faut pas revenir sur ce qui a été acté", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse avec d'autres maires concernés. Il a aussi demandé que la promesse d'une construction "concomitante" de la ligne rouge (arc nord-est) et la ligne orange (arc sud) soit respectée.
"On ne fait pas un réseau bouclé en le coupant en tronçons", a pour sa part déclaré à l'AFP Vincent Eblé, président PS du conseil général de Seine-et-Marne car sinon, "on continue de renforcer les déséquilibres régionaux, ce qui est inacceptable". La ligne rouge devait ainsi permettre au Mesnil-Amelot "d'être enfin désenclavé" tout en attirant de nouvelles entreprises, a témoigné son maire UMP Alain Aubry. Le projet d'une gare avait entraîné le dépôt de huit demandes de permis de construire pour des hôtels, a-t-il souligné lors du point presse.
"On ne peut pas continuer à verser des larmes de crocodile sur l'égalité territoriale et ne pas maintenir ce projet", a jugé Olivier Klein, maire PS de Clichy, tandis que le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine, a dit sa "colère": "il faut rompre avec la mentalité d'épicier qui prévaut ces derniers temps. Qui a calculé ce que coûterait l'asphyxie de notre région?".
La ligne rouge doit desservir des quartiers d'où sont parties les émeutes urbaines en 2005 -Les Tilleuls au Blanc-Mesnil, Les Beaudottes à Sevran, Les 3 000 à Aulnay, Le Chêne-Pointu à Clichy-, a rappelé le maire communiste du Blanc-Mesnil Didier Mignot. "Nous sommes toujours sur une poudrière, nous ne pouvons décevoir une fois de plus ces populations".
"Des marges de manœuvre existent pour le financement de ce projet", a assuré Stéphane Troussel, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, dès mercredi, dans un communiqué. Il a plaidé pour un emprunt "sur des durées supérieures à 40 ans", rappelant que le métro parisien "n'a été payé que dans les années 1970 !".
Et en conclusion la réaction du Président de Région :
Jean-Paul Huchon, Président de la Région Ile-de-France, a pris connaissance de la contribution de Pascal Auzannet sur le calendrier pluriannuel de réalisation et de financement du Grand Paris Express. Ce rapport confirme l’importance des moyens financiers à engager pour réaliser ces infrastructures et les connecter au réseau existant, et propose plusieurs scénarios par étape pour lancer les chantiers du Grand Paris Express.
A cet égard, Jean-Paul Huchon précise que « ce rapport technique ne peut être un point d’arrivée. Le Grand Paris Express, qui a fait l’objet d’un large accord entre l’Etat, la Région et les collectivités territoriales, devra être réalisé dans son intégralité. »
« Le Grand Paris Express n’est pas un projet ‘’hors-sol’’, il a été conçu avec les Franciliens dans une vision globale du développement de l’Ile-de-France : il est un élément structurant pour créer des emplois, construire de nouveaux logements, améliorer la compétitivité de la région capitale. Mais il doit aussi aller de pair avec l’amélioration des transports du quotidien : pour que le Grand Paris Express remplisse pleinement ses objectifs, nous avons besoin de RER qui fonctionnent. La mise en œuvre du projet devra donc répondre aux attentes fortes exprimées par les Franciliens et les élus d’Ile-de-France lors des débats publics. »