Ne jamais grandir : un rêve de gamin, un cauchemar devenu adulte. C’est un peu ce qui arrive à John Bennett (Mark Wahlberg), un jour de Noël. A huit ans, il fait un vœu : que son ours en peluche s’anime et reste, pour toujours, son ami. A 35 ans, Ted est toujours là. Si, gamin, le nounours faisait un parfait compagnon de jeu ; adulte, il s’est mué en encombrant buddy. Surtout que la copine de John (Mila Kunis) n’en peut plus de voir ce dernier bloqué ainsi au stade adolescent. On ne va pas se mentir, le postulat de base ne donne pas du tout envie de découvrir le film. Rassurez-vous, on est plus proche du conte de Noël trash et de la romcom revisitée, que de la comédie US grasse et potache. Même si certains poncifs ne nous sont pas épargnés (les blagues caca-pipi-prout s’enchaînent), Seth MacFarlane, le créateur des séries animées American Dad ou Family Guy voit un peu plus loin et enrobe son histoire d’atouts non négligeables : une nostalgie omniprésente pour la période 80’s (références à l’entertainment d’antan, d’E.T en passant par Top Gun ou Flash Gordon), et, une sympathique réflexion sur le passage à l’âge adulte. Quelque part, le film possède certains points communs avec Young Adult le dernier Reitman, décryptant un personnage qui refuse de grandir avec humour noir et cynisme. D’un côté, ceux qui souhaitent rester au premier degré d’un récit pour le moins régressif seront ravis : le film fait la part belle aux gags de mecs, et le timing sur le plan comique est soutenu. De l’autre, et c'est une surprise, ceux qui désirent davantage de profondeur trouveront également ce qu’ils cherchent.
Car c’est aussi à un dynamitage en règle des codes de la comédie romantique et du conte que nous invite MacFarlane. D’ailleurs, on ne doit plus parler de romcom ici mais bien de brocom, un nouveau genre qui voit son héros principal se confronter à un dilemme éminemment contemporain : choisir entre son meilleur pote, et la femme de sa vie. Par extension : choisir de grandir, pour enfin pouvoir avancer. Une scène, parmi d’autres, prouve que MacFarlane s’essaie à déstructurer le genre: le héros monte sur la scène d’un concert de Norah Jones espérant récupérer sa moitié d’un acte romantique à souhait. Il ne subira qu’une immense humiliation. C’est par là même que le cinéaste étonne : à l’instar de Reitman il n'hésite pas à prendre à revers les attentes (mièvres) du spectateur. Aussi, il ne commet pas l'erreur de verser dans la leçon de vie bébête et les pénibles serments d’adultes: John peut rester l’enfant, le buddy fidèle et le mec parfait. Il lui suffit juste de trouver l’équilibre et de ne pas fuir devant la moindre responsabilité à prendre. Formellement, MacFarlane l’a bien compris puisqu’il remplit simultanément tous les cahiers des charges : s'amuser, divertir, étonner.