Le nouveau Jacques Doillon

Les amateurs du cinéma de Jacques Doillon auront dû attendre près de cinq ans pour découvrir sa nouvelle oeuvre. Le premier venu, arrive donc dans les salles avec une certaine attente des cinéphiles et avec , une fois de plus, la révélation d'une jeune comédienne talentueuse.

La critique  

Retour en forme pour l'inspiré Jacques Doillon

Arrivée à la gare, Camille (Clémentine Beaugrand) suit Costa (Gérald Thomassin) "le premier venu" avec qui elle a eu une histoire qui s'apparente à un "one night stand". Sauf que non, elle a décidé de le suivre, pourquoi pas même l'aimer. Plongés dans le coin de la Baie de Somme en Picardie, ces deux êtres opposés (elle plutôt petite bourgeoise, lui plutôt badboy) vont devoir se supporter. Ce coin aéré et calme de la France, va être pour Costa le théâtre de sa rédemption. Le jeune homme doit en effet compter avec un passé assez lourd (il a abandonné sa femme et son enfant) et veiller à ne pas se laisser séduire par la facilité et les mauvais coups qui vont avec, lui qui a toujours le chic pour se mettre dans de mauvaises situations. Camille serait-elle alors son ange gardien, celle qui va le ramener vers le droit chemin, celui de la réconciliation avec les êtres aimés ? Pas sûr...Dès leur arrivée les deux amants croisent le chemin de Cyril (Guillaume Saurel) , un flic un peu planplan. Ce dernier ne mettra pas longtemps à se découvrir des sentiments pour Camille et essayer de l'éloigner de ce vaurien de Costa. Ce dernier se trouve justement être son ami d'enfance ... Début d'un triangle amoureux ?

Les beaux décors de la Picardie, une bande de jeunes acteurs généreux et spontanés, une réalisation épurée et intuitive : Le premier venu est un film qui fait du bien et qui ne décevra certainement pas les amateurs du cinéma de Doillon. Pour les autres, il faudra s'accomoder (comme pour la majorité des films de Rohmer ou plus récemment de Mouret) à des dialogues précieux et littéraires. Ces derniers nous invitent à une sorte d'introspection générale sur la vie, les relations hommes/femmes, la rédemption...Les joutes verbales se succèdent avec grand plaisir et d'une intrigue basique, le réalisateur livre une nouvelle oeuvre très dense au niveau des sentiments.

Triangle amoureux qui devient carré, Le premier venu est aussi un film d'affrontements, un film où l'on se tourne autour. Tout semble être en perpétuel mouvement : la caméra qui se déplace d'un personnage à l'autre , les sentiments et personnalités contradictoires des personnages, les situations qui sont toujours prêtes à déraper...Au coeur du film on ne pourra s'empêcher de s'enticher de Clémentine Beaugrand qui se donne entièrement à un personnage ambivalent et passionnant,a l'air délicieusement espiègle. 2h03 c'est peut être un peu trop mais le charmant casting réuni et le charme de ce film simple (et qui ne manque pas d'audace pour autant) devraient vous faire passer un excellent moment de cinéma. Rafraichissant.

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