Ayant adoré La guerre est déclarée, j’attendais avec hâte son successeur. Mais j’avais peur d’un effet casse-gueule, comme le second album de The xx (pour certains…), ou personnellement, le deuxième album de Wild Nothing.
Avec Main dans la main, il faut s’éloigner du bouleversant La guerre est déclarée, qui avait eu son succès critique et public, amplement mérité. Dans la filmographie de Valérie Donzelli, il faudrait plutôt aller piocher du côté de La Reine des pommes, cette comédie complètement burlesque, tournée avec 7000 (petit) euros.
Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province.
Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.
Alors que La guerre est déclarée était autobiographique et bouleversant, Main dans la main s’oriente, en apparence, vers une comédie plus légère. C’est en tout cas le ressenti que j’ai eu dès les premières secondes. Les plans s’enchaînent à une vitesse folle, alternant la vie de Joachim (Jérémie Elkaïm) et celle d’Hélène (Valérie Lemercier). Et au milieu de tout ça, le générique vient s’incruster.
Par séparer, il faut entendre mentalement et physiquement. Voici donc la première fantaisie du film. A leur rencontre, les deux acteurs vont se sentir obligé de se suivre en permanence, et de se mimer. Ce procédé va alors créer des gags burlesques, sans jamais être too much (cf. la scène au commissariat avec le gag qui dure, duuuuuure, mais que je ne trouve pas trop long. Parfaitement dosé.)
Le film, à l’image de Valérie Donzelli, dans sa mise en scène et son montage, va alors partir dans plein de directions. La réalisatrice regorge d’idées. Certaines fonctionnent, d’autres moins. Mais ce qui me plait chez elle, c’est qu’elle essaie tout, elle ne se prive de rien. Des essais de mise en scène, des astuces de montage. J’aime toujours autant cette insertion de voix off (Philippe Barrassat, sa voix off depuis maintenant trois films) en plein milieu de scène. Même si cette technique semble être usée, elle permet dans ses films de préciser les évolutions et les ressentis de chaque personnages.
Il y’a clairement un clivage Paris / Province de mis en avant, où la réalisatrice s’amuse, étant elle même originaire de Commercy. Ce clivage va s’effacer petit à petit, à mesure que les personnages de Lemercier et Elkaïm vont se rapprocher.
On retrouve des références à ses anciens films. Par exemple un plan entre Béatrice de Staël et Jérémie Elkaïm est identique à une scène entre cette même actrice et Valérie Donzelli dans La Reine des pommes. Pour le clin d’oeil à La guerre es déclarée, on retrouve aussi une scène dans une soirée Parisienne, qui pour le coup va dégénérer en délire gustatif.
A contrario de ces précédents films, où il y’avait un noyau restreint de personnages, dans Main dans la main, ça grouille de partout. Mention spéciale tout d’abord à l’attaché de presse, jouée par Béatrice de Staël. Depuis La reine des pommes (et son œil pourri) jusqu’à son rôle de pédiatre soixante-huitarde à la Dolto (et son téléphone orange), elle me fait mourir de rire. Elle est ici grimée en attaché de presse hyper extravagante (conforme à la réalité ?) et s’en donne à coeur joie. On retrouve aussi plein d’acteurs de La guerre est déclarée (Philippe Laudenbach, Bastien Bouillon et Katia Lewkovicz).
Pour la bande originale, Peter von Poehl (auteur de la musique de la dernière scène dans La guerre est déclarée) est venu partager son talent pour plusieurs morceaux instrumentaux. A cela s’ajoute le titre éponyme de Jacno, une chanson de Dominique A et un excellent titre très 80′s de OMD entre autres.
L’histoire entre Hélène et Joachim m’a touché, surtout durant la seconde moitié du film, où les autres protagonistes s’effacent peu à peu. Le message que j’ai saisi (interprétation personnelle) est que l’on ne peut pas construire une relation stable, tant que l’on ne se détache pas de nos « parasites ». Parasites n’est peut-être pas le mot exact ici…
Valérie Lemercier est touchante, et Jérémie Elkaïm, dans son jeu, est plus convaincant que dans ses précédents films. Il est ici sublimé (physiquement) par l’œil de Valérie Donzelli, sa sœur dans le film.
Je ne sais pas à qui je conseillerai ce film.
A ceux qui ont apprécié La guerre est déclarée ? Certainement, pour y retrouver une énergie folle, propre à Valérie Donzelli.
A ceux qui ont aimé l’esprit amateur et le côté burlesque de La reine des pommes ? Oui.
A ceux qui ne connaissent rien à l’univers de Valérie Donzelli ? Oui pour rentrer dans son univers multicolor.
A ceux qui n’aiment pas Valérie Donzelli ? Non, n’y allez pas :)
Sortie en salles mercredi 19 décembre.