Carole Douillard. © DR
Carole Douillard est une artiste nantaise que vous auriez pu croiser durant le festival Strasbourg Nouvelles Danse 2012. Elle y présentait une performance avec le chorégraphe Loïc Touzé dans les locaux du Frac Alsace. C'est à cette occasion que je nous avons échangé quelques mots, faisant grâce à ceux qui l'écoutaient d'une énième opération de com' à laquelle tous ceux qui gravitaient autour du bar du festival se livraient ce soir-là pour défendre leur travail. C'est sans doute ce qui fait qu'à chaque fois que je l'ai revue les jours suivants, il était possible de se souvenir d'un échange. Carole ne se définit pas par son œuvre, Carole crée du lien. Voici donc son art : la constitution d'une œuvre fondée sur le rapport à l'autre.
Issue des Beaux-Arts de Nantes, Carole a développé une pratique performative qui interroge sans cesse les liens sociaux et leur capacité/incapacité à s'étendre - à perdurer, principalement - dans l'espace public. Opérant de manière intuitive, tentée par le minimalisme, Carole joue avec l'oppression du regard, avec la sensation de l'attente sociale. Vous pourriez la croiser à Bruxelles en avril prochain pour découvrir une de ses performances lors de l'édition 2013 d'Art Bruxelles. Cette hyperactive fan des Ramones et de toute musique qui s'écoute très fort n'a de cesse de blinder son agenda. Elle interviendra jusqu'en juin prochain au sein de la Coopérative de recherche de l'Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole ; sollicitée pour une étude relative à "l'artiste entrepreneur", elle y développera des actions visant à remettre à plat les objectifs de réussite scolaire et à insuffler une productivité subversive là où le fonctionnement pédagogique favorise "ce qui marche". Mais, ces temps-ci, vous auriez plus de chance de la croiser à Athènes. Carole y a établi ses quartiers temporaires ; elle est associée à un groupe de travail artistique dénommé AUTOUR DE LA TABLE. Après Istanbul, Nantes et Berlin, cette équipe menée par Anne Kerzerho et Loïc Touzé crée des espaces de rencontres et d'échanges dans les rues de la ville. "Le processus fonctionne à l'économie zéro, explique Carole Douillard, afin de stimuler la mobilisation de réseaux dont les habitants n'ont parfois pas conscience". En peu de temps, grâce au bouche à oreille, aux complicités professionnelles ou amicales, les espaces publics sont investis de manière désintéressée. "Sans autre enjeu que la rencontre, la prise de parole des citoyens redevient nécessaire" souligne Carole. Mille témoignages d'expériences se transmettent lors de temps collectifs évitant le tapage consumériste des grand-messes artistiques : tout se passe à l'échelle de simples tables. Un format qui convient complètement à la façon dont Carole aborde le champ artistique. "Cette simplicité est productrice de sens, ajoute-t-elle, et artistiquement cela remet en question les partis-pris de la performance. Je milite pour des principes d'action qui suspendent la réalité, qui offre une alternative à la recherche d'efficacité. Je vise l'a-formance."
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Diplômé en esthétique cinématographique et en sciences politiques, Cyril vit entre Nantes et Strasbourg. Journaliste dans le domaine culturel, il est aussi metteur en scène et concepteur sonore à ses meilleures heures.
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Les fêtes de fin d'année sont l'occasion de faire la fête, de se retrouver en famille ou de se pelotonner chez soi et dans certains cas de faire des réserves pour hiberner pendant l'hiver ! Pour se faire : marrons, pain d'épices et vin chaud au menu mais aussi chocolats. En ce mois de décembre, lifeproof s'ouvre et invite d'autres auteurs pour vous faire découvrir un artiste tous les jours : bonnes gourmandises à tous !