Juliette a passé quinze années en prison. A sa sortie, elle retrouve sa soeur, Léa, qui était encore une gamine quand elle est partie. C'est maintenant une femme mariée, avec de beaux enfants adoptés. Ensemble, elles vont essayer de panser les plaies toujours ouvertes de leur lien disparu. C'est le premier film de Philippe Claudel, écrivain à la base, et le moins que l'on puisse dire c'est que cet essai est extrêmement réussi. L'émotion est à fleur de peau, autant dans le coeur des spectateurs que dans le visage abîmé par la détresse de Kristin Scott-Thomas. Peut-être signe-t-elle ici son plus beau rôle. Elsa Zylberstein n'est pas en reste. Le film nous est raconté comme un roman. Il y a une véritable progression jusqu'à cette fin qui vous laisse la gorge serrée. On apprend les raisons de l'emprisonnement de Juliette par petites touches, tout au long du film. La réponse n'est finalement pas si importante. Elle aurait pû être tout autre, on aurait quand même passé un moment formidable. Je sais qu'à la lecture du synopsis, on s'imagine un film lent et plombant. Pourtant, il est bien loin de tout ça. On rit beaucoup, grâce à la petite fille chinoise qui dit toujours tout haut ce que les adultes pensent tout bas. Alors oui, on pleure aussi, mais à aucun moment je n'ai eu l'impression que c'était le but inavoué du réalisateur. Les musiques de Jean-Louis Aubert, Mon Alter-Ego notamment, soulignent avec justesse ces moments d'émotion, sans trop en rajouter. Ce film est la preuve que parfois, la simplicité suffit au cinéma. Une histoire poignante, un peu de musique, des touches d'humour, deux actrices excellentes et le tour est joué. Rares sont les films qui laissent une salle entière muette quand le générique commence à défiler.
Les Autres Films
JULIA
Erick Zonca a attendu 7 ans avant de se lancer dans un nouvelle aventure cinématographique. Quand on voit le résultat, on se dit que le jeu en valait la chandelle. Julia est un film multiple, c'est un drame road-moviesque avec de l'action, des gangsters et de l'esprit. Le film est un peu long (2h2o) mais au final, je n'en enléverais pas une seconde. Tout a son importance. Julia est une femme complêtement barrée. Elle passe ses nuits à boire et à baiser jusqu'à ce qu'elle fasse la rencontre d'une femme, assez cinglée dans son genre, elle-aussi, et à la suite d'événements incontrôlés, elle kidnappe Tom, un enfant de 8 ans, avec qui elle va traverser tout le Sud des Etats-Unis, avant de finir sa course effrenée dans un Mexique fait de drogues et de criminels. Il se passe un nombre de choses incroyables dans ce film. On est happé par toute cette aventure et on se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir. Merci à Tilda Swinton. Je ne la connaissais pas mais ce rôle la révèle véritablement. Un rôle à Oscar ? Elle joue la folle avec une étonnante facilité. Cependant, on ne peut pas réduire Julia à une simple folle, elle est bien plus que ça et ce film, c'est aussi sa quête d'identité. Le thème de la maternité est très présent tout au long du film et c'est lui qui bien souvent frène un peu cette fuite sans issue pour installer des moments d'émotion très forts. Je me souviens encore de cette scène où Tom se réveille à coté d'une Julia nue, encore endormie, un rayon de soleil entrant dans la chambre pâle ... Très beau moment. Et il y en a d'autres. Une certaine poésie se dégage des paysages traversés par les deux protagonistes principaux, ce désert sud-américain est définitivement très inspirant pour les réalisateurs actuels ... Julia est aussi un film cruel, dur, parfois violent. On se demande toujours jusqu'où Julia va aller et comment peut se terminer cette aventure si ce n'est mal ... Un film époustouflant !
A BORD DU DARJEELING LIMITED
Trois frères qui ne se sont plus parlé depuis la mort de leur père décident de partir en voyage tous ensemble, à travers l'Inde, afin de renouer les liens d'autrefois. Un bien beau voyage que Wes Anderson nous livre là. Un voyage très coloré. On voit peu l'Inde au cinéma, du coup c'est dépaysant. Oui, on peut dire que ça change. La partie dans le Darjeeling est probablement la plus réussie. La réalisation est excellente, on passe d'un compartiment à l'autre avec beaucoup d'aisance. On passe aussi d'une émotion à une autre avec plaisir. L'humour est fin et l'émotion discréte. Ce film est classe, en fait. Un peu comme les sacs Vuitton et les costumes impeccables d'Adrien Brody, Owen Wilson et Jason Schwartzman. Tous les trois sont excellents et on croit très fort à leurs liens. On les sent perdus, pas encore vraiment adultes, mais plus tout à fait enfants. C'est joussif de les voir petit à petit se redécouvrir. On apprécie les clins d'oeil d'Anjelica Huston et Bill Murray, ainsi que ceux faits à la France, nombreux. Le court-métrage diffusé juste avant le film, Hôtel Chevalier est excellent et primordial pour le film qui suit. Un film à voir pour passer un moment sympathique.THERE WILL BE BLOOD
A lire la plupart des critiques, excellentes, je suis complêtement passé à coté de ce film ! Peut-être est-ce tout simplement parce qu'il manque d'émotion, qu'il est trop froid ? Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Je ne dirais rien de plus, la suite est à découvrir en regardant le film. Daniel Day-Lewis est très bon dans ce rôle de salaud, Paul Dano est une véritable révélation dans le rôle du prêtre littéralement possédé. La réalisation est très bonne. Voilà les deux points positifs du film. Le reste m'a ennuyé à mourir. On nous promet du sang dans le titre, au final, il y en a peu qui coule dans le film. Et quand il coule, ça n'est pas si spectaculaire. Ca n'est pas un mauvais film, il mérite amplement d'être vu mais selon la sensibilité de chacun, ça passe ou ça casse. Cela dépend de ce que l'on recherche au cinéma, en fait. Je recherche un minimum syndical d'émotion, je n'en ai pas eu. A vous de juger !