il étire son long cou
et sa pomme d’Adam saillante
est comme un doigt maladroit sur l’aile de la mélodie
en chantant il croit vraiment
hâter le lever du soleil
la chaleur de son chant en dépend
et la pureté de ses aigus
le poète imite le sommeil des pierres
la tête dans les épaules
il est comme un fragment de sculpture
à la respiration rare et pénible
en dormant il croit que lui seul
percera le secret de l’existence
et que sans l’aide des théologiens
il happera l’éternité de sa bouche assoiffée
que serait le monde
s’il n’était plein
de l’incessant va-et-vient du poète
parmi les pierres et les oiseaux
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Zbigniew Herbert (1924-1998) – Hermès, le chien et l’étoile (Hermes, pies i gwiazda, 1957) – Traduit du polonais par Brigitte Gautier