Penser le monde aujourd'hui avec Pierre Carles

Par Sergeuleski

   Après Rousseau, Morin, Soral, Steiner, Dieudonné, Chevènement, Kémi Séba, Chouard, Chomsky, Bartleby, Clouscard, Paul Ariès, Michéa...

 

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Réalisateur et documentariste, Pierre Carles débute sa carrière à la télévision où il cesse de travailler le jour où son reportage intitulé Pas vu à la télé commandé par la chaîne Canal+ est interdit de diffusion.

Indépendant, il poursuit ensuite sa critique des médias avec un film sur le journaliste Daniel Schneidermann, alorscritique des médias à la télévision  avec son émission Arrêt sur images ; reportage qui nous révèlera un Schneidermann pas si irrévérencieux que ça envers les puissants.

 

Paille et poutre…

  

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Quinze ans plus tard, après plus d’une dizaine de documentaires, ignoré et méprisé mais craint par tous les journalistes, les patrons de presse et les médias (même ceux qui se vantent d'objectivité et d'indépendance ! Comme si l'indépendance financière d’un journal garantissait une information sans parti-pris et sans idéologie ni copinage !)...

Contredisant en partie l’analyse d’un Serge Halimi sur les médias et leur connivence (1), Pierre Carles fut le premier à  comprendre qu’il n'y a pas de journalisme de connivence (faire bouillir la marmite, la carrière et l'idéologie que l'on sert, solidarité de classe ou  professionnelle) mais bel et bien un journalisme d’affinités et un journalisme d'antagonismes : pour les uns - les copains des copains : tu me soutiens, je te soutiens ! ; pour les autres...  absence de solidarité, incessants règlements de comptes selon le principe suivant : « Si les ennemis de ceux qui ont un jour dit du mal de moi ne sauraient être pour autant mes amis, qu'ils ne s'inquiètent pas : jamais je ne soutiendrai ceux qui les mettent en danger, et alors même que je suis censé partager leur conception du journalisme, leur éthique et leur souci de vérité et de justice (2) »

   La liberté de la presse a finalement très peu à voir avec les lois qui la règlementent mais bien plutôt avec ce que cette presse est disposée à donner à lire à ses lecteurs car la liberté de désinformer ou de sous-informer, ça existe aussi ! Et ça tout à voir avec le mensonge par omission ou le mensonge tout court.    

   Tout patron de presse a eu affaire un jour, à son micro et à sa caméra ;  images et sons qu’un Pierre Carles ne manque jamais d’archiver avant de les diffuser pour le plus grand bonheur des amnésiques, des distraits et le plus grand malheur de ceux qui souhaitent que l’on oublie vite qui ils sont ou qui ils ont été, et le nôtre aussi... pauvres bougres que nous sommes.

   D’où aujourd’hui le silence dans les médias à chaque sortie d’un documentaire de Pierre Carles.

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   « La certitude qu’un journaliste de bonne réputation refuserait de diriger un journal représentant des intérêts privés opposés au bien public… »  Joseph Pulitzer (1847-1911) 

 

       Si l'indépendance financière permet d'être financièrement indépendant, elle n'est certainement pas une garantie de courage et d'audace. Après tout, les Bergé («  Le Monde )» et autres Rotschild («  Libé ») ne sont-ils pas eux aussi indépendants financièrement ?

Est-ce que la vente d’armes (Lagardère) ou la construction de pont et autres viaducs (Bouygues) s’oppose au bien public  (3)? 

Ce qui s’oppose au bien public, ce n’est pas l’entreprise privée ou l'Etat, mais bien plutôt, toute activité qui a pour couverture le mensonge et la duplicité ("Faites ce que je dis mais pas ce que je fais !"– la loi pour vous et le droit pour moi !) ; d'où la nécessité d’une presse capable de dire la vérité sur n’importe quel sujet qu’elle estime devoir traiter, ainsi que la recherche, par cette même presse, des conditions propices à l’exercice d’une telle liberté : l'indépendance financière, et puis surtout, l'honnêteté et l'introspection  car, rien ne les remplace et sûrement pas un confortable cash-flow qui ne doit rien à personne sinon à des abonnés repartis se coucher sereins et convaincus que leurs intérêts étaient bien gardés.  

    Mais alors... à quand un journalisme capable de faire la promotion de sa propre remise en cause ?

   Dans un autre monde et dans une autre vie, manifestement.

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1 - Un Serge Halimi aujourd’hui patron du mensuel « Le monde diplomatique » ; mensuel qui n’en finit pas de traîner derrière lui une casserole qui a pour nom Fidel Castro comme parangon de vertu dans le domaine de la liberté en général et celle de la presse en particulier, pour ne rien dire de la liberté d’expression !

On pourrait s'étouffer de rire !

2 - Médiapart ne fait pas exception quand il choisit délibérément d’ignorer la parution d'un documentaire de Pierre Carles ou la publication d'un livre alors même qu'il a toutes les raisons au monde d'en parler de par ses engagements affichés...

Exemples : contre le journalisme Pierre Péan Ici ; ou Pierre Carles Ici encore.

3 – D’aucuns en sont encore à se demander (et les journalistes ne sont pas les derniers à le faire) quel est l’intérêt pour un homme d’affaires de posséder un journal forcément déficitaire (comme c’est le cas des journaux papier) alors qu'ils ignorent ceci : posséder un journal c’est posséder un moyen de pression  et de chantage sans équivalent sur son environnement économique : son marché... bâtiment, armement, poulets, légumes... ; concurrents, fournisseurs et clients... tous placés sous la menace d’une force de frappe et de diffusion de toute information  - vraie ou fausse -, que ce même homme d’affaires jugera bon de communiquer à ses lecteurs, et par ricochet, à tous les autres.