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Jonction entre deux chevauchées royales en France au XVIe siècle

Publié le 07 décembre 2012 par Monarchomaque
Le tour de France royal de 1564-66, crédit Henri IV Culture

Le tour de France royal de 1564-66, crédit Henri IV Culture

« Fin novembre [1564], Geoffroy de Caumont, que nous n’avions vu de longtemps, nous vint voir de ses Milandes [Périgord], tout plein de récits sur la rencontre des deux Reines, Jeanne d’Albret ayant été invitée par Catherine de Médicis à rejoindre la cavalcade royale sur son parcours, afin d’embrasser son fils [Henri de Navarre otage de la cour des Valois] et s’entretenir avec le roi [Charles IX] des plaintes qu’elle voulait lui faire sur Montluc. — Je fus, dit Caumont, non sans fierté, des trois cent cavaliers qui escortèrent Jeanne d’Albret à son départ de Pau le deuxième jour du mois d’avril. L’extraordinaire piquant de la chose, c’est que la Reine de Navarre remontait du sud au nord en soutenant nos Églises [réformées] de sa ferveur et des ses deniers, tandis que la Reine-Mère et le Roi descendaient du nord au sud en légiférant contre nous. […] Le plus beau de l’affaire fut la rencontre des deux cortèges à Mâcon ! Monsieur l’Écuyer, poursuivit-il en se tournant courtoisement vers Sauveterre, et vous, mon cousin, imaginez, je vous prie, l’ébahissement de ces courtisans musqués et des quatre-vingt putains brodées d’or de la Florentine, quand paru la Reine de Navarre, sans un bijou, sans une perle, toute de noir vêtue, entourée de huit ministres de notre Religion, et suivie de trois cent cavaliers gascons, vêtus non de soie mais de buffle, tous bottés et crottés, et sentant non point le musc, mais l’ail et la sueur. Ha, mon cousin ! Il n’y a pas une France, mais deux ! Celle du Nord, riche, fière puissante, et toute gâtée de ses vices, et celle du Midi, qui vaut deux fois celle du Nord. Mon père rit à cette saillie, mais Sauveterre, après un bref sourire, dit avec gravité : — Il n’y a pas deux Frances, monsieur Caumont, il n’y en a qu’une, et qui un jour sera, je l’espère, huguenote. — Amen ! dit Caumont. »

Source : Robert Merle, Fortune de France, Tome I, 1992, Éditions de Fallois, pages 391 à 393 sur 445.

Complément : Société de l’Histoire du Protestantisme dans la Vallée de la Dordogne

Prise de Nîmes par la cavalerie calviniste le 14 novembre 1569

Prise de Nîmes par la cavalerie calviniste le 14 novembre 1569


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