L’ouverture d’une université portugaise privée en France, délivrant des diplômes de dentiste et de pharmacien, avait provoqué l’émoi de la profession. Le ministère de l’enseignement supérieur a déclaré qu’une plainte allait être déposée.
Le gouvernement a réagi mercredi soir à l’implantation à Toulon d’une université portugaise privée proposant des formations payantes aux métiers de dentiste et de pharmacien, au mépris du «numerus clausus» en vigueur dans notre pays. «Aucune autorisation d’ouverture n’a été déposée», a affirmé Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche au micro de France Info .«Les cours ne sont pas décrits, les cursus des enseignants ne sont pas décrits, et ils n’ont pas le droit de porter le nom d’université». La ministre a donc indiqué qu’un plainte allait être déposée.
En France, les professions de dentiste et de pharmacien sont soumises à un contrôle strict de la part de l’État. Les étudiants souhaitant exercer ce métier doivent passer par l’université publique, où ils sont tenus de franchir le cap de la première année de santé et son «numerus clausus». Ce système fixe le nombre maximum de jeunes pouvant être formés aux différentes professions médicales, et ainsi de réguler le nombre de praticiens diplômés sur le territoire.
Des études facturées jusqu’à 9500€ par an
Sauf qu’aujourd’hui, dans le cadre du processus de Bologne, les diplômes européens sont reconnus en France. Ce qui permet, par exemple, à des étudiants de s’exiler en Roumanie ou au Portugal pour y suivre des études de médecine, avant de revenir pratiquer en France. L’établissement lusitanien s’estime donc dans son bon droit, puisqu’il ne délivre que des diplômes portugais.
«Je n’ai pas connaissance de cette plainte» des autorités françaises, a indiqué à l’AFP ,Bruno Ravaz, vice-président de l’institut, évoquant un «combat désuet» de la part du gouvernement sur l’utilisation du terme d’université, régie par une loi de 1880. Et d’ajouter, «encore faudrait-il (…) que cette loi soit toujours constitutionnelle et conforme aux traités internationaux signés depuis». Bruno Ravaz se dit toutefois prêt à «éventuellement s’adapter et à s’appeler institut ou universidad».
L’université Fernando Pessoa (UFP), qui a ouvert ses portes le 12 novembre, accueille «une trentaine d’étudiants», répartis en trois filières: odontologie, pharmacie et orthophonie. Une vingtaine de professeurs y sont rattachés et c’est l’université Fernando-Pessoa de Porto, un établissement privé fondé en 1995, qui délivre les diplômes. Les cours sont dispensés en français et les formations peuvent coûter jusqu’à 9500€ par an.
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