Delta Air Lines va racheter les parts détenues par Singapore Airlines.
Curieux destin que celui de Virgin Atlantic Airways, compagnie créée et contrôlée par Richard Branson, qui ne connaît pas vraiment le succčs qu’elle mériterait. Installée principalement sur la voie royale du transport aérien que constitue l’Atlantique nord, bénéficiant d’une excellente image, elle n’a pas connu la croissance qu’espérait certainement le groupe Virgin. Sans doute parce que l’heure n’est plus aux intervenants de niche mais plutôt aux réseaux mondiaux inscrits dans le cadre de l’une des trois grandes alliances. Une tendance dont Virgin n’a pas voulu jusqu’ŕ présent.
La voici pourtant de facto membre de SkyTeam ŕ partir du moment oů Delta Air Lines se prépare ŕ entrer dans son capital ŕ hauteur de 49%, moyennant un chčque de 360 millions de dollars. Cette part du capital est actuellement détenue par Singapore Airlines dans le cadre d’une stratégie de diversification qui n’a pas vraiment abouti. Le Virgin Group et Richard Branson lui-męme détiennent 51% des parts, une majorité préservée d’une courte tęte.
La compagnie Ťrougeť est assurée de conserver son identité, si ce n’est sa totale indépendance, explique-t-on ŕ Atlanta, oů se trouve le sičge de Delta. Et il n’est aucunement question de fusion ou d’absorption mais uniquement de partenariat, Ťjoint ventureť dans le jargon des financiers. Bien qu’il soit un peu tôt pour l’affirmer, il apparaît que cette Ťj.v ť préservera la vocation transatlantique de Virgin, ce qui revient ŕ dire qu’elle sera juxtaposée ŕ l’alliance qu’Air France-KLM a établie de longue date avec la compagnie américaine (rejointes par Alitalia). Dans le cas présent, il s’agira évidemment de miser sur les liaisons entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, jusqu’ŕ 31 vols quotidiens par-dessus l’Atlantique dont 9 reliant New York-JFK ŕ Londres Heathrow.
L’opération ne deviendra réalité que fin 2013, tant est lourde la procédure d’approbation par les autorités compétentes. A commencer par l’obtention de l’indispensable immunité anti-trust du département américain des Transports, le feu vert du département de la Justice et, de ce côté-ci de l’océan, celui de la Commission européenne. Sans plus attendre, Richard Anderson, directeur général de Delta et Steve Ridgway, son homologue de Virgin, ont tout naturellement entamé une offensive de charme en faveur de la j.v. Mais, avec décence, ils n’insistent pas sur l’intéręt que présente l’opération en matičre d’optimisation de l’utilisation des créneaux de décollage et d’atterrissage ŕ Heathrow, une denrée de plus en plus rare.
Pour le reste, il est question de mise en commun de salons dans es aéroports, de coordination des programmes de fidélisation des voyageurs fréquents, etc. Rien d’inattendu. Mais au détour de l’une de ces déclarations de circonstance faites pour séduire les analystes financiers, détail remarquable, on découvre que Delta va bientôt offrir une liaison Internet Wi-Fi ŕ tous ses passagers internationaux.
Delta, grâce ŕ son entrée en force dans le capital de Virgin, va encore gagner en importance et en influence. Elle transporte 160 millions de passagers par an avec une flotte de 700 avions et entend bien se développer davantage ŕ l’international, le marché intérieur américain étant arrivé ŕ maturité et, pour partie, accaparé par les compagnies discount, alias low cost.
Pierre Sparaco - AeroMorning