Le damoiseau

Par Richard Le Menn

On désigne au Moyen-âge par damoiseau un jeune prince ou un jeune gentilhomme avant qu’il ne soit chevalier. Comme je l’ai lu dans plusieurs textes des XVIIe et XVIIIe siècles, ce mot est aussi utiliser à ces périodes pour signifier un efféminé ou pour se moquer de quelqu’un qui fait le beau, le galant auprès des dames, et qui exagère la délicatesse de son apparence. Dans Les Plaisirs des dames (1641), François Grenaille (1616-1680) écrit à leur sujet « qu’on ne saurait distinguer ces hommes des femmes, s’ils n’étaient beaucoup plus efféminés qu’elles. […] ils servent d’appui aux femmes […] qui dirait qu’ils se divertissent en voyant la contrainte de leur mine & de tous leurs mouvements. Il faut qu’ils ne se tiennent pas moins ajustés à la campagne, que dans la ville, croyant être vus de tout le monde, quand ils sont vus d’une Dame. Ils aiment mieux plaire à ses yeux qu’à ceux de toute une multitude. Dans le contentement d’être en une si belle compagnie, ils sont toujours dans l’appréhension d’offenser celles qu’ils adorent. C’est avec quelque sorte de regret qu’ils contemplent ces astres, voyant qu’il ne leur est permis de les contempler qu’à certain temps. Ils ne regardent pas les Dames comme des femmes qui parlent d’une façon commune, mais comme des Sibylles qui prononcent des Oracles. […] ils vont à la Promenade pour se recréer, & cependant ils y ont toujours l’esprit tendu ; il faut qu’ils fassent bonne mine, quoiqu’ils souffrent beaucoup de mal. Ils compassent leurs gestes & leurs mouvements comme s’ils étaient en quelque action sérieuse, & néanmoins il semble qu’ils ne doivent songer qu’à se divertir. »

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