Aucune preuve solide de l'efficacité antispastique de l'extrait de cannabis dans le traitement de la sclérose en plaques (SEP), selon cette revue des données scientifiques publiée dans l'édition de décembre du Drug and Therapeutics Bulletin (BMJ).
L'extrait de cannabis Sativex (GW Pharma Ltd) est dérivé de plants de cannabis et contient pratiquement les mêmes teneurs en THC (tétrahydrocannabinol) et en CBD (cannabidiol) que le cannabis. C'est la seule préparation pharmacologique à avoir reçu une AMM, (aujourd'hui commercialisé au Royaume-Uni et au Canada), sous forme de pulvérisation buccale, pour le traitement de la spasticité, un symptôme fréquent de la SEP. Des combinaisons médicamenteuses complexes sont parfois nécessaires pour gérer la spasticité de la SEP, écrivent les auteurs, mais elles ne sont pas très efficaces et entraînent de nombreux effets secondaires. Sativex est donc utilisé en traitement de deuxième intention chez les patients chez lesquels les autres options thérapeutiques ont échoué.
Cependant l'analyse publiée fait apparaître des données d'essai d'efficacité de Sativex limitées. Les essais constatent une très faible proportion de patients chez qui Sativex vs placebo parvient à réduire les symptômes. Parmi les limitations à cette constatation, précisent les auteurs, des périodes de traitement et de suivi relativement courtes, de six semaines à quatre mois, un nombre de participants parfois trop réduit et l'absence d'essai comparatif Sativex vs un « ingrédient » actif équivalent.
Enfin Sativex est un produit coûteux, environ 10 fois plus que d'autres médicaments utilisés pour le traitement des spasmes musculaires dans la SEP. C'est aussi pourquoi l'utilisation de l'extrait de cannabis n'est pas encore envisagée en routine en pratique clinique. Mais, avant d'y réfléchir, les chercheurs recommandent, face à une preuve jugée insuffisante, d'engager de nouveaux essais cliniques. A ce stade des données en effet, ils jugent le bénéfice modeste.
Une conclusion qui rejoint celle du Pr Costentin, pharmacologue, neurobiologiste, membre titulaire des Académies nationales de Médecine et de Pharmacie, qui écrit, que pour les maladies pour lesquelles le cannabis est « envisagé », on dispose de médicaments plus efficaces, qui ne mettent pas le patient dans un état d'ébriété, ne perturbent pas sa mémoire de travail, ne stimulent pas son appétit qui, du fait de son immobilité, suscite une prise de poids, laquelle compliquera sa mobilisation; des médicaments qui n'induisent pas de troubles dépressifs ni de pharmacodépendance.
Source: Drug and Therapeutics Bulletin (DTB) 12 December 2012 What place for cannabis extract in MS?
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