Si la laïcité, aujourd’hui, n’est plus instrumentalisée et convoquée pour servir les intérêts d’une politique réactionnaire, force est de constater que le pouvoir d’aujourd’hui s’en tient à une bienveillance molle. Une nouvelle donne pourrait néanmoins s'installer. En effet, François Hollande a annoncé, le 9 décembre, à l'occasion de l'anniversaire de la loi de 1905, la création, en 2013, d’un Observatoire national de la laïcité. Selon le président de la République, la laïcité permet de "répondre aux enjeux du temps".
Deux champs de réflexion mériteraient en effet d’interroger la laïcité pour harmoniser la société soumise à des influences hostiles au progrès social et aux idéaux de démocratie. L’éducation et la vie publique sont concernées par la nécessité d’insérer la laïcité dans les méandres de la société. Dans le premier cas, la laïcité est partie prenante de l’éducation à la citoyenneté dont la réussite au plan scolaire conditionne les contours de la société de demain. Dans le second cas, elle ouvre des perspectives favorables au développement d’une société dont le multiculturalisme est déjà le marqueur principal. Cette laïcité de conviction et d’adhésion repose sur le respect de la liberté absolue de conscience, sur la séparation des cultes et de l’État et sur le respect de droits inaliénables pour tous les citoyens.
Face aux églises officielles et anonymes, puissantes et malveillantes, la laïcité par le biais de l’Etat et de ses représentants doit rappeler inlassablement qu’elle porte en elle-même les valeurs de la République essentielles au respect des choix intimes de chacun et les principes de la solidarité qui permettent la transmission humaniste d’un destin commun.
La laïcité traverse les orientations de la République. La Liberté porte la valeur du libre examen. L’Égalité exprime la primauté de l’individu. La Fraternité, revendique la nécessité de la cohésion sociale. La laïcité a besoin d’être considérée comme une cause nationale. Autour de la date anniversaire de la loi du 5 décembre 1905, il paraîtrait opportun de rappeler à la communauté des citoyens, d’une part, que cette loi est une garantie pour les croyants comme pour ceux qui n’adhèrent à aucun culte et que, d’autre part, la loi de 1905 doit s’appliquer à l’ensemble du territoire. La loi de 1905 peut apporter la concorde mais ne peut durablement accepter le Concordat.