PMA est un acronyme trompeur. La procréation médicalement assistée (PMA) c'est un ensemble de pratiques cliniques et biologiques destinées à permettre à des couples infertiles d'avoir un enfant. Rien à dire concernant la fécondation in vitro. En revanche, la GPA est un bouleversement radical dans la construction de la société et les rapports de celle-ci avec la science et le corps humain.
Que l'on discute du mariage pour tous, n'a rien de choquant. La société a beaucoup évolué. Le mariage est de moins en moins perçu comme une institution et de plus en plus comme un contrat, un engagement formel avec des droits attachés notamment pour le conjoint survivant. L'extension de ces droits aux couples homosexuels semble à cet égard constituer une aspiration légitime et un progrès démocratique.
Les choses se compliquent déjà avec la question de l'adoption qui fait intervenir un tiers, l'enfant. Pour comprendre comment on en arrive à la GPA il faut avoir en tête que reconnaître le droit à l'adoption des couples homosexuels ne permet pas de satisfaire leur demande. Très peu d'enfants français sont adoptables. A peine 3 000 par an avec une liste d'attente de 24 000 demandes. Beaucoup de demandeurs se tournent dès lors vers l'étranger. La France est le 3ème pays au monde concernant le recours à l'adoption internationale derrière les Etats-Unis et l'Italie. Mais là encore, cette source est limitée au regard notamment du durcissement global des Etats, même les plus pauvres, sur ces pratiques qui constituent souvent des déracinements. Ne reste plus dès lors, que la GPA.
On glisse ainsi en douceur du mariage pour tous au droit à un enfant pour tous. Cette revendication est critiquable par le côté mercantile qu'elle sous-tend. Un enfant ne peut être assimilé à un produit comme un autre dont le besoin est généré par le souci de faire comme tout le monde.
Légaliser le "commerce du ventre" à savoir porter un enfant, se faire rémunérer pour cela, puis faire abstraction du lien biologique, ne peut être assimilé à un progrès sociétal. Ouvrir cette porte, c'est se condamner à encourager après le tourisme sexuel, le tourisme procréatif basé sur la misère ou l'absence d'éducation des plus faibles.
Dans bioéthique, il y a bien le mot éthique. On peut avoir les plus grandes craintes quand, progrès de la science aidant, l'homme se prend pour Dieu (ou mère nature pour les agnostiques).
En 2012, le prix Nobel de médecine a été attribué à un scientifique japonais, M. Yamanaka, pour avoir mis au point la technique des cellules souches IPS qui permet de produire des spermatozoïdes et des ovules à partir de fibroplastes soit, de simples cellules situées sous la peau. Cette découverte permet ainsi dès aujourd'hui de "fabriquer" un souriceau à partir de deux papas souris. Demain ce sera applicable aux hommes. La réalisation d'un utérus artificiel n'est de la même sorte qu'une question de temps. A peine deux décennies pour affiner ce qui ne sera qu'une super couveuse.
Tous ces éléments doivent nous conduire à une démarche prudente et raisonnée sur l'évolution de notre droit et l'encadrement des pratiques médicales. Mais en tout état de cause, aborder ces sujets de façon détournée, à l'issue d'un lobbying sans précédent est inacceptable et risque d'être contre-productif pour la cause homosexuelle elle-même.
L'empressement à aboutir coûte que coûte à la légalisation de la PMA/GPA relève d'un "moi-d'abord" communautariste critiquable au moment ou notre société est minée par un niveau de chômage sans précédent, quasi 4 millions de demandeurs d'emploi, et qui constitue la prelière source de pauvreté dans notre pays. Et que dire de l'état de nos prisons, indigne d'une démocratie ?
Ne qualifions pas de progrès ce qui sera demain une régression dans nos valeurs. Sans aller à dire que la PMA-GPA ne passera pas, soyons fermes pour qu'il y ait un vrai débat.