Ce n’est pas encore la fin du monde mais ça pourrait être celle de nombreux territoires dont celui du pays d’Aubagne et de l’Etoile. Le 21 décembre, les opposants au projet de métropole marseillaise appellent à un rassemblement à Marseille.
S’il venait à aboutir – le texte sera présenté en février 2013 au Conseil des Ministres – le projet de métropole marseillaise rassemblerait sous une autorité unique 90 communes et 1,8 million d’habitants sur un territoire grand comme ceux de Mexico et Les Angeles.
En septembre dernier, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait exprimé le souhait de créer cette métropole englobant six intercommunalités dont la communauté du Pays d’Aix, 340.000 âmes et 500 millions de budget face à la grosse et pauvre Marseille Provence Métropole (MPM), 1 million d’habitants et 1,3 milliard d’euros de budget, mais aussi, à l’est, la communauté du Pays d’Aubagne et de l’Etoile et, à l’ouest, le Pays de Martigues, proche de celles d’Arles Crau Camargue et de Salon-de-Provence.
Cette annonce jugée « autoritaire et précipitée » par le maire d’Aubagne, Daniel Fontaine, et la présidente de la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne, Magali Giovannangeli, a suscité une vague d’incompréhension et d’hostilité de la part des élus du département. Dans un appel signé par la grand majorité des maires, parlementaires et présidents d’intercommunalités des Bouches-du-Rhône, ces élus dénoncent un projet à l’opposé de ce qu’ils veulent construire depuis deux ans : une coopération où les communes, même les plus petites, et leurs habitants, auront leur place et leur mot à dire. « Notre projet, écrivent-ils, c’est un pôle métropolitain, tel qu’il a été créé avec succès à Nantes le 1er juillet 2012 sous l’impulsion de Jean-Marc Ayrault, et dans de nombreuses aires urbaines en France, et tel qu’il est envisagé pour organiser, demain, la nécessaire solidarité en Île-de-France, comme autour de l’agglomération lyonnaise ». Ils affichent ainsi leur volonté de mener à bien, avec les Marseillais, des coopérations pour tirer ce département vers le haut.
En haut justement, le gouvernement socialiste ne l’entend pas de cette oreille et souhaite mener rapidement à terme ce projet de métropole marseillaise. Quitte à passer en force. Les récentes déclarations de Marylise Lebranchu, Ministre chargée de la Réforme de l’Etat, ne laissent planer aucun doute sur l’ambition du gouvernement : créer une aire métropolitaine capable de tirer son épingle du jeu dans la bataille économique face à la concurrence de Gênes, Barcelone ou Valence. Avec ou sans le consentement des élus et des populations concernées. Celles du Pays d’Aubagne et de l’Etoile avait d’ailleurs majoritairement refusé l’intégration de leurs communes dans la Communauté Urbaine de Marseille lors d’un référendum organisé en 2010.
Défendu hier par les promoteurs du « Grand Marseille » lorsque les élus marseillais, l’UMP Renaud Muselier en tête de gondole, salivaient à l’idée d’être au sommet de cette pièce montée, le projet de métropole revient sur la table servi par un gouvernement PS-EELV qui a mis en garde les élu(e)s récalcitrants : il n’y aura rien d’autre à manger. Et ce sont les mêmes discours, les mêmes paroles à boire, pour faire avaler aux populations concernées le remède miracle à tous leurs maux : il n’y a pas d’autre alternative pour sortir Marseille et sa région du marasme économique.
Le 21 décembre, la Ministre chargée de la Réforme de l’Etat sera à Marseille pour faire avancer l’avant-projet de loi consacré à la décentralisation dont une part concerne la future métropole. Pendant sa visite, les élus du département appellent la population à un grand rassemblement, place Castellane à 9h30, pour manifester son refus d’une intégration forcée dans une future métropole.
François Vernon