Royal Affair de Nicolaj Arcel

Très belle gueule d'acteur, rare, originale et habitée que celle de Mads Mikkelsen. Un homme âpre aux choix cinématographiques heureux et pas toujours faciles. ( Je viens de le voir dans le sombre et austère Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn). Dans Royal Affair, il incarne un médecin allemand acquis aux idées des Lumières, Johan Friedrich Struensee, qui a réellement existé. Il devient le conseiller d'un roi lunatique, au rire strident, hystérique, et qui se révèle fou. Folie providentielle qui permet la diffusion d'idées novatrices, révolutionnaires dans un pays où les nobles s'acharnent, tout comme en France, à protéger, préserver leurs privilèges de parasites d'une société malade d'injustices sociales, de misère, de pauvreté. Struensee a une alliée précieuse à la cour, l'endroit le plus dangereux qui soit: la reine elle-même, délaissée par son mari fantasque. Caroline Mathilde est elle aussi conquise par les idées de Voltaire et de Rousseau, les plus connus des philosophes du siècle des Lumières. Passion des idées et passion amoureuse entre les deux: le Danemark file vers plus de justice, de liberté. Mais pour combien de temps?

Beau film romanesque, ardent, qui respecte tous les codes en vigueur dans un film historique: beaux costumes chatoyants et somptueux, décors grandioses, amours passionnelles, trahison etc. L'interprétation de Mikkelsen, d'Alicia Vikander (la reine) et de Mikkel Boe Folsgaard (le roi) fait cependant la différence: fiévreuse, intense, elle fait facilement oublier ce que le film peut avoir de convenu.