Unanimement reconnu à l'étranger, l'ouvrage propose à la fois l’histoire la plus aboutie de l’économie nationale-socialiste et une lecture neuve de la Seconde guerre mondiale, changeant radicalement la place occupée par les États-Unis.
En donnant naissance au mythe du Blitzkrieg, le succès foudroyant et inattendu de la campagne de France a accrédité l'image d’une Allemagne nationale-socialiste invulnérable fondée sur une économie industrialisée d’une grande efficacité. Prenant le contrepied des nombreuses histoires exclusivement politiques du régime, Tooze en décline les entraves et les défaillances puis s’efforce de montrer que la guerre eut au contraire sa source dans les faiblesses du Reich plutôt que dans ses forces. Pionnier dans l’analyse économique du IIIe Reich, il jette un sort aux mythes issus des allégations d’Albert Speer et parfois colportées (notamment par l’économiste Galbraith, dès la fin de la guerre) : les trains n’arrivaient pas vraiment à l’heure (la dégradation du parc roulant fut un handicap jusqu’à la fin de la guerre), le régime n’a jamais connu le plein emploi qu’on a dit et, l’euphorie des premiers mois passés, est allé de crise en crise jusqu’en 1938, avant que la crise tchèque ne décide le chancelier à mettre son pays sous perfusion, en vase clos, au service de ses ambitions guerrières, auxquelles tout allait être désormais subordonné.
Relisant les textes mêmes de Hitler et des théoriciens de l’agrarianisme, l’auteur décentre ainsi l’histoire de la guerre en donnant une place capitale aux États-Unis, devenus la véritable obsession de Hitler. Dès 1938, la question juive devint synonyme d’Amérique dans son esprit. Le Führer savait dès 1939 qu’avec ses armées sous-équipées il avait peu de chance de l’emporter dans une guerre longue contre le monde occidental. C’est pour triompher de cet adversaire rapidement qu’il lança l’opération Barbarossa en accord avec des projets d’extermination, d’asservissement et de colonisation de l’Est parfaitement définis dès les années 1930. L’analyse rigoureuse des sources, des statistiques, des documents internes, souvent exploités pour la première fois, donne du IIIe Reich l’image d’un régime aux abois, qui ne dut de tenir si longtemps qu’à des pratiques de spoliation et d’asservissement. Sans son fanatisme, jamais l’Allemagne n’aurait pu tenir si longtemps. C’est à ses choix techniques et économiques qu’il faut attribuer plusieurs millions de morts.
À la fois synthétique et riche de thèses nouvelles, ce livre bouleverse toutes les idées reçues et constituent un tournant dans l’historiographie de la seconde guerre mondiale.
L'auteur : Diplômé de King's College (Cambridge) et de la London School of Economics, Adam Tooze enseigne l'histoire de l’Allemagne à Yale. Il a déjà publié Statistics and the German State, 1900-1945: The Making of Modern Economic Knowledge (Cambridge University Press, 2001).
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