Cette étude in vitro suggère que les formules de lait « prédigéré » pour nourrissons sont toxiques pour les cellules, ce que n'est pas le cas du lait maternel…Ces résultats de bioingénieurs de l'Université de Californie, San Diego, basés sur des tests in vitro comparant la digestion du lait maternel humain frais et 9 différentes préparations pour nourrissons, publiés dans la revue Pediatric Research, peuvent contribuer à expliquer le développement d'une affection intestinale sévère, jusqu'à l'entérocolite nécrosante, chez les nourrissons prématurés.
Ce sont les acides gras libres créés au cours de la digestion des préparations pour nourrissons qui entraînent la mort cellulaire, un processus qui peut contribuer à l'entérocolite nécrosante, une affection intestinale sévère souvent fatale et qui survient le plus souvent chez les prématurés. Il est connu, depuis longtemps, que les nourrissons prématurés nourris au lait maternisé sont plus susceptibles de développer une entérocolite nécrosante que les nourrissons nourris au lait maternel, mais le mécanisme sous-jacent n'était pas bien compris.
Le chercheur Alexander Penn, du laboratoire de bio-ingénierie de l'UC San Diego apporte, avec son étude, un début de réponse :
Que se passe-t-il avec le lait maternel/ artificiel en cas d'exposition aux enzymes digestives ? Les chercheurs ont reproduit in vitro, le processus de digestion en utilisant des enzymes pancréatiques et les fluides intestinaux recueillis à partir d'un intestin, avec le lait maternel et des préparations disponibles sur le marché pour nourrissons nés à terme et prématurés. Ils les ont ensuite testés pour les niveaux d'acides gras libres et les niveaux de 3 types de cellules impliquées dans l'entérocolite nécrosante (les cellules épithéliales qui tapissent l'intestin, les cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins et les neutrophiles, un type de globule qui intervient dans l'inflammation).
Le processus de digestion des formules pour nourrissons conduit à la mort cellulaire ou à la cytotoxicité et en moins de 5 minutes dans certains cas, alors que ce n'est pas le cas avec le lait maternel. La digestion des formules artificielles entraîne la mort de 47 à 99% des neutrophiles vs seulement 6% avec le lait maternel.
Le lait maternel semble avoir un mécanisme intrinsèque contre la cytotoxicité, alors que la plupart des aliments, comme les formules pour nourrissons, libèrent des niveaux élevés d'acides gras libres lors de la digestion. Le lait maternel lui, est digéré à un rythme plus lent et mieux contrôlé. De nombreuses unités néonatales de soins intensifs se dirigent, expliquent les auteurs, vers des formules les plus proches du lait maternel, quand la condition d'un bébé, a fortiori prématuré, rend difficile ou impossible la prise de lait maternel. Mais la recherche de laits toujours moins cytotoxiques doit être poursuivie dans l'objectif de limiter les risques de dommages cellulaires et d'entérocolite nécrosante. Des progrès nécessaires, qui seront bénéfiques non seulement pour les nourrissons prématurés, mais aussi pour les nourrissons à terme à risque accru de troubles gastro-intestinaux.
Source : Pediatric Research doi:10.1038/pr.2012.125 online 21 November 2012Digested formula but not digested fresh human milk causes death of intestinal cells in vitro: implications for necrotizing enterocolitis(Visuels @Alexander Penn, Department of Bioengineering, UC San Diego Jacobs School of Engineering : Image au microscope de cellules après ingestion de lait maternel (en haut) et de lait « prédigéré » (en bas). En bas, les cellules présentent toutes des déformations).
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