Jean-Marc Ageorges avec Laure Duthilleul (au centre) réalisatrice. (photo Jean-Charles Houel)
Les cinémas de Louviers fêtent leur 30e anniversaire. Ouverts en 1982 grâce à l'action d'Henri Fromentin, ancien maire et de sa municipalité, les trois salles des cinémas Forum — tout un programme — permettaient, enfin, aux Lovériens et aux habitants de la région de disposer de salles confortables dotées de la technologie de l'époque. Il revint à Jean-Marc-Ageorges, digne fils de son père, animateur de la fédération des œuvres laïques et cinéphile averti, de prendre en gérance les trois salles et d'établir une programmation à la fois commerciale et culturelle.La municipalité Fromentin, à laquelle appartenait François Bureau, très lié à l'histoire de l'Eden et du Normandie, les deux anciennes salles fermées une décennie plus tôt, et volontariste pour donner du cinéma une image valorisante de la culture française et internationale, a souhaité que l'art est essai soit privilégié. Avec le temps, les canons commerciaux ont malheureusement pris le dessus, JMA a passé la main pour créer le Zénith d'Evreux et en faire un pôle national à succès. Quant à la salle d'exposition réservée au service culturel de la ville, elle a disparu lors de la refonte des salles pour créer…une salle art et essai qui n'en a que le nom.
A Louviers, Jean-Edouard Criquioche, nouveau titulaire du bail, a doté les salles de la technologie 3 D, elle-même renforcée par la création d'une salle polyvalente — cinéma et théâtre — selon les vœux de la municipalité Martin. J'ai contesté à l'époque ce choix ambigü. Selon moi, Louviers méritait un théâtre à part entière et sans doute une 4e salle de cinéma spécifique. L'équipement actuel, dit Grand Forum, polyvalent, pose des problèmes de gestion entre les trois partenaires qui se disputent la grande salle : la ville et les besoins des associations, la Scène nationale Evreux-Louviers et ses spectacles de théâtre, danse et musique, les cinémas Forum et la grosse cavalerie genre Harry Potter ou le Seigneur des anneaux. Sans oublier que la ville verse une subvention légitimée par une programmation de qualité alors même qu'il s'agit plutôt d'une aide au fonctionnement normal des salles.
Dans un entretien récent avec une journaliste locale, Jean-Edouard Criquioche vante la modernité de ses installations. J'ai le souvenir, pourtant, d'une diffusion chaotique de « Water Makes money » sous l'égide de l'association que je préside et la SED a connu les mêmes avatars lors de la projection récente du Chagrin et la Pitié en présence de Marcel Ophuls, le réalisateur. Sans doute la haute technologie est-elle réservée au cinéma lucratif. Un espoir, quand même, que se recrée un ciné-club digne de ce nom, apte à proposer des films qu'on ne voit plus à Louviers mais à Evreux, parfois, ou à Rouen plus certainement.