Parution en août 2012
Rentrée Littéraire sept 2012
L'histoire : La vie, au présent et au passé, de Marie. Les petits détails et les grands événements qui ont jalonné la vie de cette jeune fille qui, dans les années 30, vivait en indochine avec ses parents... Mais aimait déjà en France. Le quotidien de cette octogénaire, qui vit presque seule, isolée, autant respectée que détestée.... Le portrait d'une vie, d'une femme pas comme les autres...
Tentation : Le pitch
Fournisseur : Abeline Majorel et les Chroniques de la Rentrée littéraire, merci pour l'envoi.
Mon humble avis : "Oh Marie, si vous saviez, tout le mal"... que vous avez fait, que je pense de vous...Vous êtes une femme monstrueuse, égoïste, jalouse, égocentrique, méchante, prétentieuse, capricieuse, odieuse et manipulatrice. Une vraie marâtre. Les gens qui ont partagé votre vie devraient être sanctifiés. Vos circonstances atténuantes ? Votre mère ? Vous étiez déjà ignoble. Vous vous plaignez toute votre vie durant de celle que vous n'avez pas eu... Et pourtant, vous l'avez choisi cette vie, j'en suis sûre, vous avez choisi l'homme qui avait le moins de caractère et qui vous laisserait exprimer le vôtre, si mauvais. Je ne vous ai jamais aimée, sauf dans votre prime jeunesse, celle où vous guettiez l'amour chaque jour au bout du chemin, avec la fraîcheur et la naïveté de la virginité de l'époque, les années 30.
Et puis Hervé Bel, votre créateur, nous conduit dans votre triste cuisine plus de 60 ans plus tard. Que vous est il arrivé pour que l'on vous retrouve ainsi si aigrie, si agacée par celui qui partage tristement votre vie, si avare, d'une avarice telle qu'elle vous coupe du monde et de vous même ? Est avare celui qui se prive de tout pour ne manquer de rien. Depuis votre jeunesse, vous ne pensez qu'à l'argent, que vous amassez et cachez au risque de vivre comme une pauvrette que le monde entier fuit... S'il n'était votre avarice, j'aurais alors eu quelque sentiment pour vous. De la pitié, le pire de tous. Celui que j'éprouve pour les personnes surpris par la vieillesse, la maladie, et qui n'en finissent pas de mourir. Cette même pitié qui m'étouffe lorsque j'écoute Les vieux de Brel et qui me fait avancer jusqu'à là chanson suivante.
Même votre père de papier se méfie de vous, à moins que vous ayez eu sur lui l'ascendant qui vous qualifie tout au long de votre histoire. Vous vous sentez supérieure. Alors est-ce l'auteur qui vous laisse la parole presque au beau milieu d'une phrase ou vous qui vous en saisissez pour être sûre d'établir votre vérité, celle qui vous fera passer pour une malheureuse, je l'ignore. Toute votre vie, vous avez rêvé d'être au milieu de la scène, la star qui brille, oh pardon, la Dame...
Vous avez de la chance, Hervé Bel vous a offert cette scène dans ce roman et vous a servi une prose magistrale.... Je vous connais, de là où vous êtes, vous devez pensez qu'Hervé Bel n'a pas usé de sa plus belle plume pour vous faire plaisir, mais pour vous faire de l'ombre. Car le délice de ce roman est bien la plume de votre créateur, ajoutée à une construction romanesque judicieuse, originale et très adaptée au sujet. Désolée de vous décevoir Marie, mais je pense bien qu'Hervé Bel s'est servi de vous pour dresser le portrait d'une femme de votre époque et explorer dans les moindres détails les dégâts de la vieillesse, de l'usure du couple, d'une prédominence despotique dans une famille. Mais surtout, à travers vous, il fait de la jalousie le sujet principal de cette histoire. Une jalousie dévorante, dirigée vers tout et tout le monde, même ceux qui vous étiez sensé aimer, si ce mot a une signification pour vous.
Un chose m'étonne.... Devant une telle paranoïa pathologique, je ne comprends pas que l'on ne vous ait pas enfermée. Car votre malheur vient de là, vous l'avez construit toute seule, vous vous êtes laissée rongée par votre jalousie maladive.
Marie, vous avez peut-être gagné ce que vous cherchiez. Même si vous êtes le plus détestable personnage de roman rencontré depuis longtemps (même une certaine Tatie Danielle pourrait devenir une bonne copine à côté de vous) même si votre ignominie n'a d'égal, même si vous représenter l'idéal de l'antihéroïne, vous êtes un spendide et formidable personnage romanesque ! Hervé Bel a réussi un tour de force. Nous scotcher à votre histoire, sans nous attacher à vous !
Lu dans le cadre de
8/7