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La gauche tombe dans son piège à illusions

Publié le 11 décembre 2012 par Nicolas007bis

Bill et BoulleEn Septembre, tout ce qui compte de commentateurs de la vie politique (une petite cinquantaine de millions d’individus au bas mot) glosait déjà sur la baisse de popularité brutale de Hollande et de son Gouvernement. En décembre, il n’est pas exagéré de dire que la situation ne s’est guère améliorée.

Un des faits accélérateur de ce qu’il faut bien appeler une débâcle fut, sans nul doute, l’affaire Florange. Comme il fallait s'y attendre l’activisme forcené mais stérile d’Arnaud Montebourg et sa menace de nationaliser le site, n’a fait que créer frustrations et déceptions et ce malgré la sauvegarde des emplois. Comme il fallait également s’y attendre, ce n’est pas Arnaud Montebourg qui pâtit de l’affaire, bien au contraire, mais Jean-Marc Ayrault et François Hollande auxquels on reproche de n’avoir pas voulu se lancer dans une coûteuse, inefficace et symboliquement dangereuse nationalisation, même temporaire.

En dehors des difficultés indéniables qu’il y a à gouverner la France dans l’état ou elle se trouve et avec les perspectives qui sont les siennes, en dehors de la difficulté que rencontrent de manière générale tous les gouvernants à peine élus à ne pas décevoir, les Socialistes payent leur discours irresponsable et/ou naïf (au choix) dans l’opposition.

Lorsque Jean-Marc Ayrault dans un entretien avec le Journal du dimanche nous dit «J'agis sans semer des illusions. Sur Florange j'assume parfaitement ce qui a été décidé. Je ne mens pas aux Français » il a parfaitement raison mais manifestement ça ne suffit pas. Agir sans semer d’illusions est essentiel mais encore faut-il que les français sachent faire la distinction entre illusions et réalité.

Or, la Gauche, parce qu’elle a trop longtemps fait passer des illusions pour des véritables solutions, se trouve prise à son propre piège. Elle a beau faire du mieux qu’elle peut, dans les limites des contraintes auxquelles elle est soumise, son action au gouvernement sera toujours jugée à l’aulne de son discours d’opposants.

Ainsi lorsque ce même Ayrault dans le même journal nous dit « François Hollande n'a jamais promis qu'il sauverait toutes les usines (…)» il a également raison. François Hollande n'a effectivement jamais dit qu'il sauverait toutes les usines, mais il n'a jamais dit le contraire, pire encore il a laissé croire lorsqu'il était dans l'opposition que c'était possible, et c'est là que se trouve le problème.

En accablant Sarkozy et ses promesses non tenues comme à Gandrange, les socialistes et Hollande en tête ont laissé croire que l'Etat pouvait sauver les industries en déclin. En laissant croire qu'en nationalisant l'Etat pouvait sauver les haut-fourneaux de Florange, Montebourg et à travers lui Hollande ont laissé croire que l'Etat pouvait sauver une activité condamnée par tous les spécialistes du sujet. En refusant avec force la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay lors de son intervention télévisée du 14 juillet, François Hollande a laissé croire que l'Etat pouvait s'opposer à cette fermeture. C'est tout le problème des socialistes, dans l'opposition ou tout fraîchement élus, ils ont laissé croire que tout était possible à partir du moment où la volonté politique était là, et une fois au pouvoir et confrontés à la dure réalité, ils s'étonnent qu'on leur reproche de ne pas faire des miracles.

Pour le moment ils peuvent encore se cacher derrière le « désastreux » bilan de Sarkozy pour ne rien assumer, mais lorsque dans 1 an, et contrairement à ce que François Hollande a imprudemment annoncé, le chômage sera à des sommets encore jamais atteints, le boomerang leur reviendra violemment en pleine figure.
D'autant plus violemment que du temps de Nicolas Sarkozy, les Socialistes n'ont pas arrêté de lui reprocher de ne pas donner la priorité au chômage et au pouvoir d’achat. Comme si le chômage et le pouvoir d’achat étaient dissociables du reste de l’économie. Comme s’ils pouvaient se traiter uniquement avec la force de la volonté politique.

En attendant, les déçus se multiplient, ce sont les syndicalistes d’Aulnay qui ne « veulent plus entendre parler de Montebourg» ou ceux de Florange qui se déclarent « trahis ». Plus généralement ce sont tous ceux qui à travers les sondages expriment leur défiance vis-à-vis de ce Gouvernement qui se montre incapable de faire des miracles.


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