Confirmation de jours en jours que la gouvernance Hollande est exactement de
même nature que la gouvernance Sarkozy : le Président de la République cherche à régner sur toutes les institutions.
Il faut d’abord bien préciser et bien séparer les choses : séparer toutes les informations qui évoquent
la vie privée des personnages publics des informations politiques. La vie privée de ceux qui nous gouvernent ne m’intéresse pas particulièrement tant qu'elle n'influence pas
leurs décisions politiques et ce qui est dit à ce propos, qu’il soit juste ou faux, me laisse souvent indifférent. On n’élit pas un Président de la République (ou des parlementaires, maires
etc.) en fonction de sa vie privée, qu’elle soit de toute bonne moralité (selon ses conceptions) ou qu’elle puisse laisser tomber quelques reproches ou réprobations, tant qu’elle reste dans le
cadre de la loi.
D’ailleurs, je trouve tout à fait normal que Valérie Trierweiler veuille protéger sa vie privée et celle de
ses proches et en passe par la justice si nécessaire. Sa plainte pour « diffamation et atteinte à la vie privée » me paraît même très
opportune. Je comprends tout autant la plainte de Patrick Devedjian lui aussi cité dans le livre. On n’a pas le droit de dire n’importe quoi sur n’importe qui. Chacun a droit à la protection de
sa vie privée et aussi à la protection de son honneur, et ceux qui révèlent la vie privée des autres ou affabulent sur le même sujet (« pure
affabulation ») sont susceptibles d’être sanctionnés par la loi. C’est ce que le juge devra apprécier dans cette affaire (qui a été reportée au 28 janvier 2013 où le juge prendra une
décision sur sur une question de procédure).
L’information qui est en revanche très politique, c’est que le Président de la République François Hollande a envoyé le 25 novembre 2012 une lettre au juge pour faire pression en faveur de sa compagne dans ce procès au tribunal de grande
instance de Paris. L’imitant, son ami et Ministre de l’Intérieur Manuel Valls a fait de même. Alors que
François Hollande a écrit sur un papier sans entête, Manuel Valls a utilisé un papier à entête de son ministère.
L’avocat défendant l’éditeur du livre en question, Olivier Pardo, n’a pas hésité à pointer du doigt la grande
ingérence de l’Élysée dans une affaire de justice, brandissant Montesquieu et son inaltérable principe de séparation des pouvoirs : « Si on
voulait impressionner votre tribunal en faisant intervenir les plus hautes autorités de l’État, on ne s’y serait pas pris autrement. ».
Lors de son débat avec
Nicolas Sarkozy le 2 mai 2012, François Hollande avait lâché sa mémorable tirade à quinze étages, et en particulier, dans les premières salves : « Moi, Président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante. ».
Eh oui, les mots, les mots, les promesses n’engagent que ceux qui y croient !
L’entourage présidentiel peut toujours chercher à déminer en dédramatisant, le mal est fait : « Il
s’agit d’un témoignage personnage de François Hollande à travers une lettre rédigée à titre privé sur papier libre dans le cadre d’une affaire qui concerne sa compagne. (…) Il ne s’agit en aucun
cas de propos de nature à influencer le jugement étant donné la transparence totale de ce témoignage. ».
Il serait assez intéressant d’imaginer les réactions de l’actuelle majorité si jamais le Président Nicolas Sarkozy avait envoyé, en son temps, une lettre à un tribunal pour faire pression sur un juge. Et également son Ministre de l’Intérieur, par exemple un Brice Hortefeux ou un
Claude Guéant. Que n’aurait-on pas entendu !
Par ces petits gestes qui se voulaient pourtant discrets, la réalité se montre au grand jour. La gouvernance de François Hollande est la même que
celle de Nicolas Sarkozy. Chaque jour en apporte une preuve supplémentaire.
Il y a la même boulimie législative dans la précipitation, parfois sans concertation (voir l’îlot autonomiste du Ministère de l’Éducation nationale
par exemple), la même volonté de régenter la vie des citoyens (que ce soit sur l’identité nationale ou le mariage), la même volonté de cliver durablement la société française déjà fragile par des sujets qui ne sont pas prioritaires en temps de crise économique (41 700 emplois
salariés détruits au troisième trimestre de 2012), la même volonté de transgresser (que ce soit sur les
tests ADN ou sur les embryons humains), la même volonté de proclamer que rien n’est tabou (le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault l’a même dit pour les 35
heures !), la même instrumentalisation de l’immigration ou des gens du voyage, les mêmes
atermoiements sur Gandrange ou Florange, et surtout, car cela permet d’être élu, les mêmes duperies
verbales, tant sur des éléments symboliques (on réduit les indemnités des ministres mais on augmente bien plus leur nombre et donc, le nombre de cabinets ministériels ; on fait mine de
réduire la rémunération du Président de la République puis un organisme indépendant vient annuler la mesure pour raison d’inconstitutionnalité, annulation qui a fait bien moins de bruit
médiatique ; on veut se déplacer en train et on doit utiliser la voiture pour le retour qu’on avait fait amener sur place, etc.) que sur des éléments majeurs de la politique nationale
(renégociation du TSCG, pas de hausse de la TVA etc.).
Ce n’est pas un hasard si les candidats soutenus par le PS dans les trois élections législatives partielles
du 9 décembre 2012 ont perdu 9% en moyenne par rapport à leur score du 10 juin 2012. À ce rythme-là, dans trois ans, François Hollande descendra en dessous du seuil de 0% ! Mais heureusement
pour lui et ses amis, l’UMP en crise depuis le 18 novembre 2012 fait actuellement tout pour lui ménager
un peu de répit… Qu’il en profite vite, car cela ne devrait quand même pas durer pas des mois.
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (11 décembre
2012)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Hollande en conférence de presse.
Le clown est
lâché !
Ayraultisation des
esprits.
Valls dans
la tourmente.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-frondeuse-moi-president-de-la-127371