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The dodoz – auto-live report : une journée chez les « oiseaux morts »

Publié le 11 décembre 2012 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Nouveauté automnale, Across The Days a décidé de mettre en place des « auto-live report ». Comprenez : faire faire le job par les artistes eux-mêmes et leur faire raconter leur live à leur manière. Ici, c’est Jules de The Dodoz qui s’y colle et nous conte sa journée du 23 novembre et le live à La Maroquinerie.

the dodoz dec 11 photo3 1024x685 THE DODOZ   AUTO LIVE REPORT : UNE JOURNÉE CHEZ LES OISEAUX MORTS

Journal des oiseaux morts, 23 novembre 2012

On se réveille ce matin là avec toujours la même sonnerie, toujours la même tête de lama fatigué. Sauf que cette nuit du 22 au 23 novembre 2012, on a encore rêvé de tout ce qu’un concert peut avoir d’angoissant. Comprenez salle vide, multiples chutes, explosion de guitare, batteur arythmique et j’en passe… Oui, aujourd’hui c’est le jour tant attendu du concert parisien : un peu flippant, un peu excitant. Flippant parce que c’est Paris et que Paris ce sera toujours flippant.
Excitant, parce qu’en huit ans de concerts, tous ceux ayant eu lieu dans la capitale ont marqué nos esprits. Que ce soit pour le tout premier au feu Paris Paris, à la Flèche d’Or avec la famille Stuck in the soundI am un chien!! ou encore au Nouveau Casino dernièrement. On sortait de scène dans un océan de cris et de sueur, le sourire vissé au visage et le cou endolori à force de headbangs compulsifs. Et on se disait alors que Paris n’était pas forcément le concert-angoisse d’une tournée, et que la prochaine fois on y réfléchirait à deux fois avant de se remplir de stress le matin même.

Ce 23 novembre, on a beau y réfléchir six fois, on flippe tous. Après un repas rapidement avalé, me voilà à pied dans les rues de Paris, les yeux rivés sur l’itinéraire Michelin de mon téléphone. Direction rue Boyer pour les balances. Sans vous raconter comment j’ai perdu mon chemin et ainsi traversé un véritable coupe gorge (merci Michelin), nous voilà tous les quatre sur cette scène de la Maroquinerie pour la troisième fois. Les balances, ça reste ce moment étrange où sortir la meilleure blague au micro semble être plus important que tout. Mais comme on est sérieux, on règle quand même le son, et on essaye (en vain) de ne pas reprendre des morceaux de hardcore pendant que les backliners ont la tête dans nos amplis pour installer les micros.

Les balances terminées, on nous emmène dans une salle attenante aux loges, qui ce jour là a des allures de salle de contrôle de l’Etoile Noire. On nous apprend que c’est une régie video, et que le concert de ce soir sera entièrement filmé par cinq caméras et monté en direct ici même. Là, c’est le moment où on stresse un peu plus. Mais on est quand même assez contents, car le réalisateur n’est autre qu’Alexandre Buisson, qu’on avait rencontré autour de beaucoup de bières au festival Art Rock en 2009, et qui s’avère sacrement inspiré lorsqu’il s’agit de filmer des chevelus sautillants sur scène. En guise de cerise sur ce beau gâteau, c’est notre cher et tendre Christian Beuchet (que je vous recommande chaudement pour tout service) qui tiendra une des caméras sur le bord de la scène. Pour la petite histoire, cet amour de personnage a réalisé le clip d’Happy Soldier, et il est dans nos projets de l’embarquer avec nous en Europe de l’Est pour un documentaire épicé…

Et voilà qu’il est temps d’aller se délecter d’un délicieux agneaux dans le restaurant « upstairs ». Sitôt la pauvre bête engloutie (« go vegan » qu’ils disaient), on descend vite pour checker Le Mépris qui jouent en première partie. Pour ceux qui ne le savent pas encore, c’est le nouveau projet de Bruno Alexandre et Camille Troillard, aussi membres de Neïmo. Ils font partie de cette famille musicale avec qui il fait toujours bon jouer, boire, danser et se marrer. Ce soir ils déroulent un set intelligent et retro, entre Morricone et Morrissey. Le stress est temporairement effacé par ces mélodies intemporelles, mais les voilà déjà de retour dans les loges exiguës de la marok’, apparemment ravis.

Dans trente minutes c’est à nous, rien ne va plus. Il y a du monde dans la salle et on arrive à ce stade de trac où rester tranquillement assis paraît aussi facile que de soulever 150 kilos en développé-couché. Géraldine siffle une bière, Vincent shadow-boxe, Adrien hurle des blagues absurdes en anglais cockney pendant que je jongle dangereusement avec deux bananes.

Malgré le stress, ce moment là est peut être le plus agréable, le plus excitant. L’impression de former à quatre une énorme boule d’énergie électrique qui, après avoir gonflé toute la journée durant, exploserait sur scène dans un kamehameha rugissant et épique. Mais bon, comme tout ça me fait un peu penser à Muse, on dira juste qu’on a envie de sauter partout et faire le plus de (joli) bruit possible.

Et nous voilà sur scène devant une salle comble. L’intérêt de la Maroquinerie, c’est sans conteste cette architecture intelligente et presque cosy, qui nous permet d’avoir une vue totale sur tous les jolis visages présents ce soir là. Normalement, je regarde assez peu les gens pendant les concerts, mais ce soir je trouve qu’ils ont tous un air terriblement gentil et accueillant, et ça j’aime bien. On enchaîne les morceaux sans trop réfléchir, on joue vite et fort. La fosse ressemble à une arène de gladiateurs souriants, le pogo en plus. Il n’y a pas de blabla entre les morceaux et c’est plutôt bien, ça nous évite de dire n’importe quoi. Beaucoup chantent les paroles des morceaux, et ça nous touche énormément. C’est comme un karaoké collectif, la triche du prompteur en moins. Et là arrive le moment où je glisse sur de la bière et me retrouve au sol, un peu hilare et un peu honteux, une camera faisant le focus sur moi (au cas où on me voit pleurer j’imagine). Géraldine « is on fire » comme on dit chez Johnny Cash. Je la vois sauter dans la foule pendant notre The Birth of Suzanne final et me dis que ouais, c’était vraiment bien ce soir.

On éponge la sueur et on remonte parler aux fans, famille, amis et videurs désagréables. Je check le montage vidéo sur l’ordi d’Alexandre, les plans sont super beaux. Je vérifie au passage si ma chute est dans la boîte. Malheureusement oui. On se réunit tous, et on finit à l’after-show dans une boîte à moquette du 1er arrondissement avec un nom de félin. Les mecs boivent et se battent, les filles boivent et dansent, tout semble normal. Je rentre épuisé à 4h du matin, et apprends le lendemain que Géraldine est restée jusqu’à 7h. Ca me surprend un peu, mais il fallait bien quelque chose d’inhabituel pour clôturer cette folle journée..


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