Alain MINOD (France).

Par Ananda

A CONTRE-HORIZONS.

Si tu laisses garroter ton regard

Par l’ombre de la nuit –

Le sel de compagnie

Sous les lampes

Rentrera

Dans ta gorge

Et t’étouffera par

Grandes brassées

Les automobiles déroulent

Des marées bruissantes

Et leurs feux clignotent

Dans tes yeux

Tirer à soi le ciel des rires

Se laisser inoculer

Le sang de la

Présence

Quand tous les spasmes

De la ville en veille

Viennent se loger

Ici

Et ne rien attendre sue

Le chevauchement

De ta parole

Par

Le chant du lointain…

Elle file –alors-

La nouveauté sans étoiles

Elle bouscule les distances

Qui pourraient se tendre

Sans le partage

Lorsqu’on plonge dans l’imprévu

On entend le toujours

Jeune hasard

Vous conter des histoires

Non bridées par

La mémoire

Qui ronge les désirs

On occupe – sans coup de semonce –

Des territoires entiers

Où les semences

Appartiennent

Au monde

Et –c’est sans guerre –

Que des jeunesses

Ont franchi

Des horizons dits « imprenables »

Elles ouvrent la ville

Pour tous

Avec

La même joie

Du partir accompli

Contre les murs qui les tiennent

Contre le gel – contre l’ombre de la nuit

Le tympan de la nuit urbaine

Creuse sous les toits

Entre chaque artère

Il résonne – Ici –

De toutes les

Clartés

Il rentre dans le parcours

De cet instant qui brille

Où le centre se confond

Avec la périphérie

Il y a le voyage –incessant –

Dans toutes les langues –

Débordant les frontières

Il embrasse le monde

Des voix… :

Celles de l’égérie de révolutions inachevées

Celles des mages des cités « inconnues »

Comme celles des ouvriers « invisibles »

Et d’autres des théâtres disgraciés

D’autres encore de bohème

Ou encore du Shabbat terminé…

Tant et tant de voix de veilleurs

A l’accent aigu - A l’accent grave

A l’accent pointu - A l’accent guttural

Toutes peuplent le silence

Et éclairent la paix

Ici

Et la nuit va son train

Conjuguant les différences

Les orchestrant de proche en proche

De bouches en bouches -

Le croissant de lune flirte avec l’unique

Étoile

Le tout désépaississant

Les voiles de brume

Dans l’ombre

De la nuit.

Alain Minod