A CONTRE-HORIZONS.
Si tu laisses garroter ton regard
Par l’ombre de la nuit –
Le sel de compagnie
Sous les lampes
Rentrera
Dans ta gorge
Et t’étouffera par
Grandes brassées
Les automobiles déroulent
Des marées bruissantes
Et leurs feux clignotent
Dans tes yeux
Tirer à soi le ciel des rires
Se laisser inoculer
Le sang de la
Présence
Quand tous les spasmes
De la ville en veille
Viennent se loger
Ici
Et ne rien attendre sue
Le chevauchement
De ta parole
Par
Le chant du lointain…
Elle file –alors-
La nouveauté sans étoiles
Elle bouscule les distances
Qui pourraient se tendre
Sans le partage
Lorsqu’on plonge dans l’imprévu
On entend le toujours
Jeune hasard
Vous conter des histoires
Non bridées par
La mémoire
Qui ronge les désirs
On occupe – sans coup de semonce –
Des territoires entiers
Où les semences
Appartiennent
Au monde
Et –c’est sans guerre –
Que des jeunesses
Ont franchi
Des horizons dits « imprenables »
Elles ouvrent la ville
Pour tous
Avec
La même joie
Du partir accompli
Contre les murs qui les tiennent
Contre le gel – contre l’ombre de la nuit
Le tympan de la nuit urbaine
Creuse sous les toits
Entre chaque artère
Il résonne – Ici –
De toutes les
Clartés
Il rentre dans le parcours
De cet instant qui brille
Où le centre se confond
Avec la périphérie
Il y a le voyage –incessant –
Dans toutes les langues –
Débordant les frontières
Il embrasse le monde
Des voix… :
Celles de l’égérie de révolutions inachevées
Celles des mages des cités « inconnues »
Comme celles des ouvriers « invisibles »
Et d’autres des théâtres disgraciés
D’autres encore de bohème
Ou encore du Shabbat terminé…
Tant et tant de voix de veilleurs
A l’accent aigu - A l’accent grave
A l’accent pointu - A l’accent guttural
Toutes peuplent le silence
Et éclairent la paix
Ici
Et la nuit va son train
Conjuguant les différences
Les orchestrant de proche en proche
De bouches en bouches -
Le croissant de lune flirte avec l’unique
Étoile
Le tout désépaississant
Les voiles de brume
Dans l’ombre
De la nuit.
Alain Minod