Le storytelling n’est pas l’ennemi de la raison, et de la rationalité, il est juste l’ennemi de l’absolutisme rationnel. Pour le storytelling, un bon message est constitué d’éléments rationnels + d’éléments émotionnels. C’est un équilibre, et c’est ce qui fait son efficacité.N’en déplaise à des théoriciens comme Christian Salmon.D’ailleurs, d’autres théoriciens, plus cotés, viennent écorner l’auréole de la rationnalité à tou crin. Et dans l’actualité du moment, ce n’est rien moins que Daniel Kahneman, le père de l’économie comportementale, qui vient de sortir un très intéressant livre : “Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée” (chez Flammarion).Pour préciser un peu le terme “plus coté que Salmon”, disons juste que Daniel Kahneman est prix Nobel d’économie, professeur émérite à Princeton, spécialiste mondialement rconnu de la psychologie cognitive…Alors que dit-il donc, Daniel Kahneman, d’utile pour la pratique du storytelling ?
Et bien tout simplement : “nous ne pensons pas de la manière dont nous pensons penser”. Nous ne faisons que croire que nous pensons de manière rationnelle ou raisonnable. C’est notre intuition qui nous guide quand nous quand nous jugeons que nos décisions sont fondées sur des bases solides.Daniel Kahneman révèle qu’en réalité, nous sommes presque en permanence le jouet de nombreux biais cognitifs, comme il les appelle. Ce sont comme des illusions d’optique.Il y a, pour Daniel Kahneman, et là c’est très storytelling, deux personnages fictifs dans notre cerveau : le système 1 et le système 2. Le système 1 est rapide, intuitif, émotionnel et fonctionne automatiquement et inconsciemment. Le système 2 est plus lent, plus orienté réflexion, et cherche à contrôler le premier. Le problème de ce système 2 est qu’il est très paresseux, ce qui l’amène à ne pas forcément remplir son rôle de validation des actions du système 1. En réalité, donc, la plupart de nos réponses, nos jugements, nos décisions, que nous croyons être le fruit de ce système 2, sont en réalité issus directement du système 1. Ce système 1 est composé de souvenirs, d’idées, d’émotions… qui fonctionnent en réseau et se renforcent mutuellement. Ce déséquilibre n’est pas forcément bon : le système 1 a aussi ses défauts, au premier rang desquels un effet de miroir déformant.Alors, c’est finalement le storytelling qui peut apporter un facteur d’équilibre raison - émotion.Ce texte a été écrit suite à la lecture d’un article dans Les Echos. La nouvelle boutique en ligne du storytelling, du marketing et du managementS’abonner à la newsletter Storytelling