L’Hôtel Château Beemer
L’Hôtel Château Beemer
De la naissance des coteaux qui bordaient les rives, jusqu’au plus lointain rayon de lune, les terres du Lac-Saint-Jean abondaient en précieuses richesses. Ce pays des Montagnais était appelé, par quiconque s’y aventurait, le Royaume.
C’est avec acharnement que les colons y défrichaient et s’y établissaient. Chaque membre de la famille accomplissait ses tâches. Les jardins étaient semés, la crinière des chevaux de trait, brossée, et les vêtements, lavés à la main, séchaient au grand vent.
C’était un jour de mai. Le soleil se dissimulait derrière un immense et impénétrable nuage qui recouvrait le territoire. Un feu incontrôlable détruisait tout sur son passage, y laissant même des cendres humaines. Le magnifique paysage, qu’ornaient des milliers de pins blancs, était anéanti. À perte de vue, les arbres calcinés et l’odeur étouffante terrifiaient : c’était irréel. Pour survivre, les habitants et les bêtes se précipitaient désemparés dans le Piékouagami. Les Montagnais nommaient le Lac-Saint-Jean ainsi, dans leur langue innue, ce qui signifie lac peu profond. Des hurlements se faisaient entendre. La suie, les matières en suspension souillaient l’air. Tout était à rebâtir.
Le feu éteint et les braises moins ardentes, les rescapés se relevèrent les manches et décidèrent de ne pas se laisser abattre. Une à une, les cabanes, construites de troncs brûlés, vibrèrent au rythme de la musique. Les verres se remplissaient d’eau-de-vie. Le tabac à pipe sentait si fort qu’il était impossible pour les enfants de s’endormir… Alors, la fête continuait ! Cuillère de bois à la main, les aînés tapaient du pied en chantant. Ils jouaient à l’oreille de la ruine-babines, du violon et de l’accordéon. Le reel évoquait parfois le vacarme d’un déraillement de train, sous une pluie battante en pleine tempête de vent. On oubliait les fausses notes ; on chantait et dansait avec cœur : l’émotion ressentie devenait l’essentiel.
Tranquillement, le tapis végétal retrouva ses nuances. Des feuilles d’éricacées émergèrent des mousses assombries. Portant haut ses fleurs campanulées, la tige se préparait à accueillir ses fruits, les bleuets. Ces baies savoureuses se dégustaient à volonté sur les lieux de la cueillette. On les apprêtait également en tartes, en bonbons et en confitures. Les eaux poissonneuses du Piékouagami assuraient un régime alimentaire équilibré aux habitants. La ouananiche, le doré jaune et le grand brochet cohabitaient dans ses eaux limpides.
L’arrivée du chemin de fer permit l’échange des cultures. Un homme d’affaires, venu de la grande ville, fit construire un hôtel de luxe près des berges.
En peu de temps, Le Royaume était devenu l’ultime destination pour les amateurs de pêche. Voilà que de riches étrangers venaient des villes lointaines et logeaient dans le majestueux Hôtel Château Beemer. La terre, l’eau et les riches couleurs étalaient leur féérie. Tous ces gens s’émerveillaient devant la beauté des alentours. Les saumons d’eau douce abondaient et faisaient rêver ces visiteurs avides.
Notice biographique de Virginie Tanguay
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle est près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvre laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien.
Pour ceux qui veulent en voir ou en savoir davantage : son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com et son blogue : virginietanguayaquarelle.space-blogs.com. Vous pouvez vous procurer des œuvres originales, des reproductions, des œuvres sur commande, des cartes postales.