Second film de la réalisatrice Kim So-yong dont
elle a également écrit le scénario, Treeless
Mountain (2008) nous fait partager l’existence de deux jeunes sœurs
livrées à elles-mêmes.
Lorsque leur mère décide de partir à la recherche
de leur père, Jin, six ans et Bin, sa petite sœur sont confiées à leur tante.
Bientôt, cette dernière ne parvient plus à s’occuper d’elles…
On pourrait résumer Treeless Mountain comme faisant partie de ces films où rien ne se
passe et pourtant. Faisant appel à des souvenirs d’enfance, la cinéaste nous
entraine dans un mélodrame filmé à hauteur d’enfants. Elle enferme les deux
jeunes filles dans le cadre d’une caméra vivant chacun de leurs soubresauts,
vivant chacune de leurs tribulations pour échapper à l’ennui et à leur
condition vétuste. A ce propos, le titre du film renvoie à un tas de gravâts
qui se trouve à proximité de la maison de leur tante. Dans cet espace désolé,
les deux jeunes filles jouent, attendent leur mère qui les a abandonné et
plantent une branche d’arbre. Ce geste anodin retranscrit un espoir mort dans
l’âme qui renvoi lui-même à la situation des deux jeunes enfants. Par le biais
d’une mise en scène dépouillée mais tout de même travaillée, cette œuvre est à
rapprocher d’un cinéma dit vérité, souvent proche d’une forme documentaire. Kim
So-yong dépeint le portrait de deux jeunes filles
abandonnées par le monde des adultes. Elles sont transbahutées d’un foyer à
l’autre et survivent tant bien que mal. Il s’en détache une émotion palpable
dans cette façon très simple de nous narrer les choses de leurs vies, de ces
âmes errantes infantiles. On y découvre deux jeunes actrices spontanées. Ce
naturel nous convint et nous incite à les suivre jusqu’au dénouement final,
synonyme de soulagement pour le spectateur qui se sera attaché à ces deux sœurs.
On aura ainsi partagé avec elle les sourires et une certaine forme de
tristesse. Entre ces moments légers et emprunts de chagrins, Kim Hee-yeon-I et
Kim Seong-hee illuminent de leurs présences.
Treeless Mountain est une œuvre émouvante. Sa simplicité est un atout qui permet de s’immerger dans l’antre de ces destins sombres. Sans jouer dans le mélodrame, la
réalisatrice parvient avec justesse à retranscrire les émotions de ces deux jeunes
filles dont l’abandon raisonne comme un éternelle refrain. Un bel essai dont
les instants de joie permettent de supporter ce triste tableau.
Ce long-métrage est à découvrir dans le DVD édité
par Spectrum Films dans lequel figure la BA, le commentaire audio de la
réalisatrice et du producteur, l’interview des deux enfants, des scènes coupées
ainsi que la conférence autour du film.
I.D.