Ah, une petite vieillerie, ça faisait longtemps !
Puisqu'en ce moment je suis à fond dans les séries d'espionnage, j'en ai profité pour tenter le pilote de Get Smart, qui se situe plutôt du côté des comédies. Etant donné que les dramas sérieux sont généralement la norme sitôt qu'on parle d'espions et d'agents secrets (seule la notable exception de la pétillante The War Next Door me vient à l'esprit, et je n'avais pas encore testé Karei Naru Spy), un peu de changement m'a fait le plus grand bien après Covert Affairs ou Hunted.
La première chose qui m'a surprise... c'est le format. Allez savoir pourquoi, je m'étais convaincue que les épisodes de Get Smart duraient plutôt dans les 45 minutes. De toute évidence, j'avais oublié que les années 60 étaient beaucoup moins flexibles sur les questions de format, par rapport à aujourd'hui, où les dramédies sont venues brouiller les lignes. A cette époque, une comédie faisait presque toujours 25 minutes, à prendre ou à laisser. C'est dommage, j'en étais presque déçue en fait ; j'aurais apprécié volontiers un épisode plus long.
Mais revenons aux fondamentaux. Get Smart narre les aventures de Maxwell Smart, un espion répodant au nom de code 86. Il est considéré, pour des raisons qui échappent au commun des mortels, et au spectateurs aussitôt 2 minutes d'épisode révolues, comme l'une des valeurs sûres de son agence appelée CONTROL, ce qui aurait tendance à jeter un lourd discrédit sur celle-ci, si vous voulez mon avis.
L'ennemi juré de Smart, c'est la terrible organisation KAOS, une sorte de ligue de superméchants si j'ai bien compris. Mais en réalité, cela importe peu : les aspects mythologiques sont assez inutiles dans le contexte d'une comédie.
Dans le pilote, voici donc Smart envoyé sur une nouvelle mission : un savant a été kidnappé, et la formidable machine destructrice qu'il avait inventée a été dérobée. A charge pour Smart de rétablir l'ordre dans le chaos (ah ah) qui pourrait résulter de ce mauvais coup de KAOS, et de sauver le scientifique par tous les moyens. Pendant tout l'épisode, en réalité, le mystère sera absent. Qui a permis à KAOS de pénétrer le laboratoire du savant ? On le saura en quelques secondes alors que le complice de KAOS lancera des oeillades appuyées et machiavéliques à la camera sitôt Smart le dos tourné. Mais dans le contexte de Get Smart, on s'en fiche ! Cela ne fait que souligner l'incompétence pathologique de Smart.
Soyons honnêtes, Maxwell Smart n'est pas simplement un gros nul (c'est comme ça qu'il parvient à être attachant). Comme beaucoup de héros de son temps, il est aussi profondément naïf et fondamentalement malchanceux. Par exemple, quelles étaient les chances que la phrase secrète qu'on lui a donnée afin de reconnaître l'agent 99 dans un lieu public, soit précisément celle qui fait les gros titres des journaux ce jour-là ? Bon, alors disons que la poisse n'arrange rien. Car peu de personnages de séries méritent moins leur patronyme que Smart, vous allez le voir.
Heureusement, il peut compter pendant cette mission sur deux autres agents, un qu'il connaît et avec lequel il a justement demandé à retravailler, l'agent K-13, qui accessoirement est un chien, et la fameuse agent 99. Dont Smart va réaliser à peu près à mi-épisode qu'elle est une femme. Je vous le disais, ce n'est pas une flèche. C'est l'agent 99 qui a l'esprit suffisamment vif pour conduire la mission (et l'agent K-13 pour lui sauver la vie), et qui va orienter Smart dans la bonne direction.
Du côté de la dynamique entre les personnages, ma déception vient en réalité de 99, de la part de laquelle j'attendais un peu plus. Elle est visiblement supposée être plus maligne et plus débrouillarde que Max Smart, mais, peut-être parce que ce ne sont que les années 60 (quoique, c'est l'époque de Chapeau Melon et Bottes de Cuir), ou peut-être parce qu'il ne s'agit que du pilote, elle n'en est pas au point où elle est assez mise en avant. Je m'attendais à ce qu'à plusieurs reprises, ce soit elle qui se porte au secours de son coéquipier, mais elle est quand même là dans le rôle du faire-valoir.
Le plus ennuyeux vient probablement des rires enregistrés ; plus que l'image en noir et blanc, ou que le type d'humour de la série, c'est ce qui rend la série moins appréciable pour le spectateur moderne (en l'occurrence une spectatrice qui pourtant, n'a pas de problème pour regarder une série un peu ancienne). Get Smart vieillit assez mal de ce point de vue, et c'est dommage car sur le reste, l'épisode reste plaisant, et j'ai même rie deux ou trois fois à voix haute, ce qui n'arrive pas si souvent. Même les gags un rien prévisibles pourraient fonctionner un peu mieux sans ces rires qui donnent l'impression de regarder le gentillet Ma Sorcière Bien-Aimée.
Le fait que Get Smart donne, au stade de son pilote, tous les signes de la série absolument pas feuilletonnante (l'époque veut aussi ça, je vous l'accorde), n'est pas très rassurant sur les capacités de la série à s'améliorer sur certains aspects. Quel besoin d'améliorer le personnage de 99, par exemple, si d'épisode en épisode on peut reprendre la même formule encore et encore ?
Pour culture téléphagique, il me semblait important, dans ma période "séries d'espionnage", de regarder Get Smart. Mais ce n'est pas une série que son pilote m'encourage à regarder ensuite. Il y a des séries parmi ses contemporaines qui méritent bien plus qu'on leur consacre du temps. Cependant, j'ai passé un bon moment, et si vous avez une petite demi-heure à tuer, je recommande de tout de même tenter le coup.
Et au fait, quelqu'un a vu le film avec Carell et Hathaway ? Ca vaut quoi ? Je crains le pire...