Le distributeur se rapproche du réseau de co-création Quircky pour distribuer les produits mis au point par la communauté. Dès janvier, il sera aussi possible de participer à ce processus d'élaboration collaboratif.
Distribuer via les canaux consacrés des supermarchés des produits mis au point par des particuliers ? C'est ce que va faire Auchan à partir du 14 décembre. Le distributeur s'est ainsi rapproché de Quircky, un réseau social américain dédié à la co-création de produits du quotidien. C'est-à-dire qu'il suffit de payer 10 dollars pour déposer une idée. Chaque semaine, les cinquante meilleures sont sélectionnées, puis mises en forme par Quircky, en concertation avec les internautes. Deux produits seraient ensuite lancés chaque semaine, et distribués via les réseaux de Quircky mais aussi des partenaires officiels. Les bénéfices étant répartis entre tous les maillons de la chaîne. En France, c'est donc Auchan qui distribuera les produits issus du réseau. La première étape est juste celle de la distribution : 8 produits sélectionnés seront vendus dans les rayons de l'hypermarché. A partir de fin janvier 2013, il sera aussi possible de passer à l'étape suivante : celle de la participation. Les consommateurs pourront se connecter sur le site et obtenir un code promotionnel permettant de déposer gratuitement un dépôt d'idées. Il pourra ensuite la partager sur le site de Quircky, et la développer.
Vers la co-création
Les deux meilleures chaque semaine seront ensuite réalisées, et distribuées. Une initiative dans la veine de l'implication du client dans le processus de création, de développement voire de distribution. Ainsi Flavien Dhellemmes, consumer electronics director chez Auchan, explique à L’Atelier que le concept "est dans l’air du temps et qu’il ne répond à aucun besoin client, sauf celui de la création, le seul que le client n’avait pas". Une position confortée par Philippe Moati professeur d'économie à l'Université Paris-Diderot et co-président de l'Association L'Observatoire Société et Consommation. "Cela apporte au consommateur un moyen de s’exprimer et de s’inviter au processus de création de l’enseigne (même si la part des produits est infime dans la gamme NDRL), engagement qui permet aussi à l’entreprise de resserrer le lien avec lui", explique t-il à L'Atelier.
Un business model à succès ?
Ce partenariat est d’abord un moyen d’expérimenter un nouveau modèle commercial centré sur l’expérience client plus profonde. "La logique du produit si chère à la grande distribution disparaît et est remplacée par la logique du consommateur qui reprend sa place", rajoute Philippe Moati. "Cela permet à l’enseigne d’être plus proche des consommateurs contenus dans la zone de chalandise, de resserrer les liens avec eux, d’avoir une autre approche", poursuit Flavien Dhellemmes. Ce modèle pause les première briques un business plan mais il est encore loin de conquérir la grande distribution française. Et c’est avec précaution que Flavien Dhellemmes déclare à L'Atelier"que c’est une nouvelle étape mais il est trop tôt pour dire si cela va envahir la France". Et de proposer d'attendre les premiers résultats. Pour Philippe Moati, cependant, l'initiative a de fortes chances de prendre :"la concurrence dans la grande distribution est très médiatique, et c’est pour cela que ce service pourrait vite se généraliser. Le consommateur pourrait du coup vite attendre que chaque enseigne propose un service du même genre. Malheur aux derniers!".