Les chevaux de Dieu يا خيل الله film marocain 2012
Il n’est pas encore sorti partout dans le monde, et pourtant, sa réputation le précède partout où il passe. Bien connu chez nous, “Les Chevaux de Dieu”, dernier film du réalisateur Nabil Ayouch, avait en effet marqué les esprits lors du Festival international du film de Marrakech… Et affiche déjà deux prix et seize nominations – y compris à Cannes – au compteur. Une carrière qui monte, qui monte !
Ses thèmes forts et son engagement imprégné de l’air du temps valent à ce film un statut particulier, celui d’une tentative délicate de parler de choses rudes, abruptes.
“Les Chevaux de Dieu” prend en effet place à la toute fin des années de plomb, au Maroc. On y suit Yachine (Abdelhakim Rachid), môme de dix ans perdu entre un père en pleine dépression et des frères tantôt soldats, autistes ou caïds. L’un d’eux, emprisonné à treize ans seulement, entraîne à sa sortie Yachine dans la spirale du radicalisme, de l’entraînement corporel et spirituel… Jusqu’à la condition de martyr. Un programme à glacer le sang, et dont l’accolement à la condition de l’enfance peut effrayer.
Un film coup de poing, donc, mais tout en délicatesse, qui sait ce dont il parle, sans placer de jugement à l’emporte-pièce. Il faut dire que Nabil Ayouch n’en est pas à son premier coup d’essai. Déjà couronné de nombreux prix, le réalisateur de “Ali Zaoua prince de la rue” et de “Whatever Lola wants” signe ici un film sur les attentats-suicides aussi calibré et pensé que ces actes étonnants. Celui qui avait été le premier à représenter le cinéma marocain aux Oscars peut ici se targuer d’apporter de la vie et un engagement certain tant à l’art qu’à la guerre.
Car Nabil Ayouch est documenté en sus d’être expérimenté : il explique notamment s’être basé sur l’ouvrage “Les Etoiles de Sidi Moumen” de Mahi Binbine, mais également directement sur les attentats suicides commis le 16 mai 2003 à Casablanca. Un groupe d’islamistes radicaux issus du bidonville de Sidi Moumen avait choisi de s’y donner la mort, explosant à la fois un cimetière juif, un consulat, un bâtiment israélite et des hôtels ou restaurant abritant des étrangers. Au total, plus de quarante personnes avaient trouvé la mort tandis qu’une centaine d’autres avaient été blessées.
Les chevaux de Dieu
Yachine est issu de cette histoire là, tant sous la plume de Mahi Binbine que sous l’oeil précis de Nabil Ayouch. Les racines de tels actes et le décor dans lequel ceux-ci peuvent prendre place fascinent ces artistes, qui ont su transformer une réalité très âpre en phrases à découvrir, en pellicule à observer.
Cet oeil réaliste et artistique à la fois, bien maîtrisé, est probablement en partie responsable de l’aura dont bénéficient les “Chevaux de Dieu”. Mais pas seulement.
Pour l’heure, les “Chevaux de Dieu” ont parfois choqué les critiques et le public. Par le réalisme cru de ses bidonvilles, ou par les épineuses questions qu’il soulève. Mais la majorité a été charmée par sa maîtrise technique et sa qualité. Nabil Ayouch reconnait avoir voulu poursuivre avec les “Chevaux de Dieu” un travail entamé avec “Ali Zaoua”, celui d’ouvrir les yeux des citadins sur les enfants, les marginaux et les bidonvilles qui peuvent les entourer. Non pas pour stigmatiser, mais pour leur rappeler que la réalité revêt plusieurs facettes, et parfois juste devant sa propre porte. Il ne cherche ni à pardonner, ni à accuser. Ces chevaux là sont libres et apportent simplement la réflexion aux spectateurs. Des pistes pour soi, et pour les autres.
Bande annonce du film marocain Les Chevaux de Dieu خيل الله
Titre original: يا خيل الله (Film marocain)
Genre: Drame
Durée: 1h55
Realisé par: Nabil Ayouch
En vedette: Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souidek, Ahmed El Idrissi Amrani
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