Chronique Le Canon graphique T1 (Collectif) - Télémaque

La démarche est plutôt originale : rassembler une cinquantaine d’auteurs de bande dessinée pour dresser un catalogue représentatif des chefs-d’oeuvres de la littérature mondiale. Le travail est évidemment colossal, et ce premier volume de cinq cents et quelques pages se réserve la partie la plus ancienne, depuis les débuts de l’humanité jusqu’au XVIIIème siècle.

Nous ne nous livrerons pas ici au petit jeu habituellement répandu qui consiste à recenser les absents de cette anthologie, toute tentative d’exhaustivité était de toutes manières vouée à l’échec. Et la sélection de Russ Kick, cheville ouvrière de cette anthologie, reste de ce point de vue plutôt exemplaire : Depuis l’épopée de Gilgamesh jusqu’à l’évocation des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos, en passant par les incontournables épopées antiques, les contes amérindiens, les légendes chinoises ou les oeuvres de Shakespeare, ce voyage à travers le temps et l’espace, d’une grande richesse laisse pantois. Une richesse thématique, évidemment, avec ce rassemblement des textes fondateurs de l’ensemble des sociétés humaines dans un même volume , mais aussi une richesse historique, et même culturelle, passant de l’Antiquité grecque à l’Angleterre du XVIIème siècle, des steppes d’Asie aux forêts américaines. Et surtout une richesse graphique incroyable, avec des auteurs emblématiques de l’underground comme Robert Crumb, Roberta Gregory, Hunt Emerson et Rick Geary qui côtoie de nombreux talents moins connus, mais tout autant appréciables comme Micah Farritor et Vicki Nerino. Et si quelques planches sont d’un niveau moins élevé (on regrettera même une ou deux évidentes erreurs de casting, le dessinateur étant manifestement encore dans une phase d’apprentissage), l’ensemble n’en reste pas moins une belle réussite éditoriale.