"Anna Karénine", de Léon Tostoï

Par Leblogdesbouquins @BlogDesBouquins
Histoire d'amour interminable dans une Russie en crise larvée. Publié en 1877.
Bientôt sur vos écrans: une version cinéma, avec la mâchoire inférieure de Keira Knightley dans le rôle titre.
L'avis de Camille
Caveat lector, je ne vais pas vous dérouler la dissert'.
A la manière de cette précédente munificence, ceci est une drive-by critique, aussi succincte que le tome est replet, et inversement proportionnelle à la seriosité du sujet.
Me voici, spécialiste du Tolstoï en trois bullet points, ayant à nouveau bravé le millier de pages pour votre joie d'enfants sages.
Choses préférés  
  • Stéphane Oblonski
L'excellent Oblonski ouvre le roman par une infidélité: il a trompé sa femme avec la gouvernante, et s'est fait prendre. Sa sœur, Anna, mariée au sinistre Karénine, vient en ville pour pacifier le ménage, et consoler sa belle-soeur, Dolly. Elle rencontrera alors au bal le brillant Vronsky…
Stéphane "Stiva" Oblonski est une merveille, d'un égoïsme absolu et absolument innocent. Il ruine sa maison pour nocer au champagne, mais l'œil clair et le cœur heureux.
  • Parties de campagne
L'été, les enfants, les baignades au lac, la chasse à la bécasse dans les marais, les déjeuners dehors et les moissons...Les scènes hors de Moscou et Petersburg sont plaisantes, naturelles, charmantes.
Mais c’est probablement mon Pagnolisme qui parle.
  • La pénible découverte de l'ostracisme, par Anna Karénine
La partie la plus intéressante de l’histoire Anna-Vronsky.
En affichant leur adultère, ils rompent le contrat social. Comme Ariane et Solal dans Belle du Seigneur, ils sont beaux, riches, amoureux, et péniblement seuls. Ce couple brillant, reçu nul part, à part dans des cercles pas très frais, tourne à la tempête isolé dans sa cage dorée.
Choses qui me sortirent par les oreilles 
  • La pénible découverte du capitalisme, par Lévine
Constantin Lévine est un trentenaire paisible, qui aime la vie à la campagne. Malheur! Il ne sait pas comment augmenter la productivité de ses paysans, fraîchement libérés du servage. Faut-il être gentil, ou donner du bâton? Leur apprendre à lire, à ces animaux, chapardeurs et ivrognes ? Il finit très, très péniblement par découvrir que peut-être, dans une certaine mesure, sait-on jamais, intéresser ses ouvriers au fruit de leur travail pourrait avoir un impact sur leur comportement.
Quoi! Leur ancestrale fainéantise ne serait donc pas congénitale?
  • Dying like Anna Karénine
Je ne sais pas comment dire cela en bon français, donc: SPOILERS ALERT! La mort d’Anna, dans l’avant-dernière partie du livre, est brutale, maladroite, et incongrue. On perd un personnage bien développé d'une manière peu satisfaisante.  En réalité, j’aurais bien aimé voir Anna vivre, et le couple Anna-Vronsky survivre ou s’abîmer. J’en ai soupé, des jettages de falaises et autres tragiques accidents.
  • Vronsky 
Arrogant, un peu falot, pas très malin, content de lui.
Insupportable.
A lire ?
(Mise à jour le 10/10/12)

Il me semble que mon horrible technique de bullet points reflète mal à quel point Anna Karénine fut pour moi une expérience mortifiante.
Ceux qui ont assisté à ma pénible reptation de plusieurs semaines ne s’étonneront pas : je ne recommande guère cette lecture.
A moins d'être animé par une fétichiste soif de connaissance sur la politique agraire russe des années 1870, ou, comme moi, rageusement obstinée par l'envie de le terminer.
C'est un livre boursoufflé de développements philosophiques, où les personnages sont des pantins de démonstration, que je me suis mise à tous détester.
Sauf Stiva! Je ne déteste pas Stiva Oblonski.
Probablement parce qu'il n'apparaît presque jamais.
Et je ne blaguais pas, il va y avoir bientôt une adaptation prognathe sur grand écran: j'en serai assurément.