Et si «la Russie sans Poutine» ça n’existait pas?

Publié le 10 décembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

Et si «la Russie sans Poutine» ça n’existait pas?

Il y a un an, au lendemain de la réélection de Vladimir Poutine à la tête de la Fédération de Russie, la société russe semblait prête à se mobiliser pour organiser un retour à la démocratie. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Retour sur ces derniers mois.

Un premier anniversaire décevant
Le 5 décembre 2011, une première manifestation avait réuni 10 000 personnes engendrant une vague de protestations dans tout le pays. Le paroxysme de la crise ayant été atteint le 24 décembre lors d’une manifestation ayant réunie quelques 100 000 personnes en plein cœur de Moscou. Pourtant aujourd’hui, force est de constater que l’opposition libérale russe est bien mal en point. Il suffit pour s’en rendre compte de se pencher sur la célébration du premier anniversaire du mouvement libéral, le 5 décembre dernier, qui n’est pas parvenue à réunir plus de 10 000 personnes, lesquelles ne s’étant contentées que de déposer des gerbes de fleurs blanches (NDLR couleur du mouvement contestataire) oubliant de scander les nombreux slogans de l’opposition.

La déception des militants
Il faut dire que la population a perdu espoir en un possible renouveau politique face aux obstacles dressés sur son chemin par le Kremlin secondé par le FSB. Ainsi les objectifs fixés, comme la tenue de nouvelles élections présidentielles, n’ont pas été atteints. La seule victoire de l’opposition pourrait bien être le réveil des consciences russe et internationale. Pourtant certains libéraux continuent d’y croire, comme l’ancien vice-premier ministre Boris Nemtsov qui a récemment déclaré « nous devons être patients et serrer les dents ».

Se révolter oui, mais à quel prix ?
Si en 2011, Vladimir Poutine semble menacé par la fronde populaire, il est aujourd’hui plus puissant que jamais et contrôle l’ensemble du territoire russe. Son parti, Russie Unie, a en effet remporté haut la main les élections régionales du 14 octobre dernier. Il faut dire que les taux d’abstention ont frisé l’indécence : 75% en moyenne dans tous les Etats de la fédération. Et ce malgré la récente création de 19 partis politiques par des membres de l’opposition. En réalité, comme à l’époque soviétique, les membres de l’opposition ne se sont pas rendus aux urnes par crainte de représailles sur eux ou les membres de leur famille. Seuls les fonctionnaires, pour la grande majorité acquis à la cause du chef de l’Etat, ont voté.

Des media contestataires censurés
Mais les opposants libéraux ne sont pas les seuls à subir des pressions de la part du Kremlin, les media contestataires sont également réduits au silence: le site d’info ura.ru a été suspendu pour enquête, le site d’opposition grani.ru ne trouve étrangement plus aucun sponsor et même le bi-hebdomadaire Novela Gazeta, pourtant financé par l’ancien président Mikhaïl Gorbatchev, ne parvient plus réunir les fonds nécessaires à sa publication. Bref le slogan «la Russie sans Poutine» ne semble plus vouloir dire grand-chose aujourd’hui.

Le 15 décembre: un regain d’espoir?
Cependant tout n’est pas si noir, l’opposition libérale a obtenu quelques victoires politiques. Ainsi le parti de l’opposition libérale unie, Parnas, a fait son entrée au conseil municipal de Barnaoul dans la région de l’Altaï. De plus certains intellectuels sont toujours mobilisés et n’hésitent pas à manifester leur désaccord avec les récentes lois liberticides adoptées par la Douma. Ils continuent même d’organiser des manifestations dont celle de la dernière chance, le 15 décembre. De quoi juger de la vigueur du mouvement contestataire.

Anne Vibert