Titre original : En Kongelig Affaere
Note:
Origine : Danemark
Réalisateur : Nikolaj Arcel
Distribution : Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard, David Dencik, Trine Dyrholm, Laura Bro, Bent Mejding…
Genre : Drame/Romance/Historique
Date de sortie : 21 novembre 2012
Le Pitch :
Danemark en 1770. La Reine Caroline Mathilde va tomber sous le charme du médecin de son époux le Roi : Johann Struensee. Ainsi démarre alors une relation d’adultère cachée qui va changer la trajectoire d’une nation toute entière et chambouler bon nombre de vies.
Cette partie fondamentale de l’histoire danoise, ne figure pas dans les manuels d’histoire français, pourtant elle a annoncé les révolutions de l’Europe entière des années plus tard…
La Critique :
Ce qui saisit le spectateur dès les premières images de Royal Affair, c’est son esthétisme, car autant dire qu’il est parfait. Les plans sont sublimes et les décors qui se succèdent sont quant à eux, tous aussi beaux les uns que les autres. Le film de Nikolaj Arcel offre une photographie magnifique, d’un niveau rare. Les costumes sont somptueux et les scènes en extérieur éclatantes. Toutes ces caractéristiques fantastiques seront présentes durant plus de deux heures.
Quel bonheur de voir à nouveau l’envoûtant Mads Mikkelsen briller dans un rôle taillé sur mesure pour son charisme inouï ! Cet acteur est sans doute l’une de mes rares révélations de l’année, il possède un talent monstrueux pour incarner des personnages forts et prenants. Royal Affair est clairement porté par son talent démesuré et son authenticité saisissante. Alicia Vikander illumine l’oeuvre par son jeu sobre, vibrant et d’une justesse à couper le souffle. Quant à Mikkel Boe Folsqaard, il a réussi à donner une dimension drôle à ce drame absolu ! Il est franchement incroyable dans ce rôle de composition et est en osmose totale avec ses partenaires. Tout le reste du casting est bien choisi en somme, mais ces trois têtes d’affiches atteignent les sommets.
Pour être totalement honnête, j’ai ressenti quelques petites notes d’ennui, en début de film. En fait, c’est assez lent au commencement, mais cette impression de léger ennui n’était en fait que de l’impatience masquée, et après réflexion, c’était nécessaire à la construction du film. Les personnages sont présentés, le décor est planté, l’histoire profonde peut ainsi commencer. Et c’est plus qu’une simple histoire qui nous attend, c’est une véritable épopée qui nous ramène à notre propre histoire, celle de la Révolution Française et de la lutte des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce qui est puissant dans ce récit historiquement vrai, c’est de constater à quel point le pouvoir peut être ravageur ou bénéfique en fonction des mains dans lequel il est placé. Tout le long du film, on est sur le fil du rasoir, on est clairement sous pression, tellement la situation des protagonistes est instable.
Royal Affair, c’est aussi le mélange des émotions et des sensations qui fait que l’on passe du rire aux larmes. Rire, cela peut paraître curieux compte tenu de la thématique du film, mais je vous assure que l’on rit. La personnalité du roi Christian est ahurissante, l’interprète (Mikkel Boe Folsqaard) parvient à donner une dimension multifacettes hallucinante à son personnage. Il y a aussi beaucoup d’amour dans cette œuvre majestueuse, et sans rentrer dans les détails, il faut dire que les deux personnages principaux sont au summum. Leur relation va s’établir en montant crescendo, en prenant bien le soin d’entretenir une attente dévorante chez le spectateur. Et pour le coup, le jeu en vaut la chandelle, car la passion s’avère irrésistible et renversante. Ce qui ravira le cœur des férus du vrai romantisme. Ajouté à cela, la puissance d’une femme qui s’était résignée à une vie de tristesse, mais qui va finalement s’imposer comme la tête pensante d’un nouveau système. Car c’est également une des caractéristiques fortes qui m’a bluffé dans Royal Affair, la vraie héroïne, c’est bel et bien la reine car tout part d’elle et tout finit avec elle. Elle va réellement faire preuve de sacrifices ultimes en tant que femme pour une cause, un idéal, mais surtout par amour, et ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle est le narrateur. Sans remettre en cause le personnage héroïque qu’est Johann Friedrich Stuensee, la Reine est le personnage central.
Une fois les personnages posés, la trame lancée et le décor planté, on est entraîné dans un récit énergique où l’on ne s’ennuie jamais, et avant même de regarder sa montre, le film est déjà fini.
Mises de côté la qualité indéniable des plans et la majestueuse photographie, l’histoire en elle-même est passionnante. On retrouve les thématiques et les idéaux visionnaires des lumières, qui furent jadis le tremplin vers la démocratie. C’est aussi agréable et réconfortant, de constater que parfois il suffit de quelques individus convaincus pour faire avancer et admettre des idées. De savoir que cette histoire a bel et bien existé est totalement bouleversant et inspire la compassion et le respect.
Royal Affair c’est tout simplement du grand cinéma soigné et travaillé, avec un souci du détail constant, ainsi que de belles couleurs, parfois significatives. C’est une fresque historique éblouissante et gracieuse, qui vous emporte vers un final tragique et déchirant, d’une beauté incroyable. Préparez-vous à un envol virtuose qui atteint les plus hauts cieux…
@ Audrey Cartier
Crédits photos : Jour 2 Fête / Chrysalis Films