De bonnes perspectives, męme ŕ court terme.
Si des spécialistes se penchent réguličrement sur l’évolution du trafic aérien ŕ l’horizon 2050 ou 2150 (1), le court terme n’en reste pas moins au cœur des préoccupations des dirigeants de compagnies, ŕ l’image de la basse conjoncture qui continue de sévir, notamment en Europe. D’oů l’intéręt des données pour la période 2012-2016 que vient de révéler l’IATA. On y trouve, surtout en lisant entre les lignes, l’expression d’une grande confiance dans la bonne tenue du trafic au cours des prochaines années. A commencer par la prévision d’un taux de croissance moyen de 5,3% par an, légčrement au-dessus du repčre habituel de 4,9% évoqué par la plupart des économistes.
En d’autres termes, en 5 ans, le volume du trafic devrait croître de 28,5%, ce qui correspondrait ŕ l’horizon 2016 ŕ 500 millions de passagers supplémentaires sur les réseaux intérieurs et 331 millions sur les lignes internationales. Du coup, en 2016, le trafic devrait atteindre 3,6 milliards de passagers, contre un peu moins de 3 milliards cette année-ci. Dans le męme temps, le trafic fret augmenterait de 3% par an pour atteindre 34,5 millions de tonnes. Soit un redressement spectaculaire qui mettrait un terme ŕ plusieurs années difficiles. Cette année-ci, alors que les statistiques complčtes ne sont évidemment pas encore disponibles, l’IATA fait état d’une progression du fret de 1,4%, un vrai soulagement. Une tendance, estime le groupement professionnel, qui devrait ętre peu ŕ peu confirmée d’ici ŕ 2016.
Néanmoins, une fois de plus, on s’interroge. Jamais le sérieux des prévisions de l’IATA n’a été mis en doute et, pourtant, cette vision des cinq prochaines années apparaît étonnamment optimiste. Encore qu’il convienne der l’apprécier en évitant d’ętre influencé par la situation médiocre qui prévaut sur le Vieux Continent. Ailleurs dans le monde, la situation est en effet franchement meilleure.
Aucune surprise n’apparaît en ce qui concerne les grandes tendances. C’est la région Asie-Pacifique qui enregistre la progression la plus forte, suivie de l’Amérique latine et du Proche-Orient. Qui plus est, le principal gisement de croissance apparaît clairement en constatant que le trafic intérieur en Chine, en męme temps que celui de et vers la Chine, va représenter en 5 ans 193 millions de passagers supplémentaires, 159 millions sur le réseau intérieur et 34 millions sur des lignes internationales. C’est ŕ la fois peu et beaucoup : peu par rapport ŕ l’immensité du marché potentiel, beaucoup dans l’absolu.
Les Etats-Unis, pour leur part, restent le marché le plus important, 710 millions de passagers, en 2016, pour leurs seules lignes intérieures, 223 millions pour les liaisons internationales. Mais la progression, ici, sera inférieure ŕ la moyenne mondiale, pour cause de maturité confirmée de la demande.
En considérant séparément le trafic international, 1,45 milliard de passagers en 2016, l’observateur en arrive ŕ relativiser la signification et l’impact réel des chiffres. Tout passager aérien effectue, par définition, un aller et retour. Ce qui revient ŕ dire qu’ils ne seront Ťqueť 750 millions de voyageurs environ ŕ l’horizon 2016, hors lignes intérieures. C’est un point de repčre important, rarement évoqué, qui donne indirectement leur crédibilité aux prévisions ŕ long terme, celles de l’IATA elle-męme, certes, mais aussi les travaux plus ambitieux d’ID Aéro. La réserve de croissance est bel et bien considérable.
Voici le débat relancé. Surtout si l’on prend en compte les travaux de la commission Ťprospectiveť de l’Académie de l’air et de l’espace. Laquelle, ŕ l’intervention de Georges Ville, dénonce Ťle caractčre simpliste d’une modélisation basée sur un taux de croissance annuelle de 5%, pas pertinent pour une projection ŕ l’horizon 2050ť. Encore qu’ID Aéro soit plus nuancé et plus prudent et ne pęche pas précisément par excčs d’optimisme. Il faudra en reparler.
Pierre Sparaco - AeroMorning
(1) Voir les prévisions d’ID Aéro dans la chronique du 4 décembre.